DPE : le masquage des étiquettes finalement abandonné

DPE Logement

C’était l’une des mesures annoncées en mars dernier par la ministre du Logement : le masquage des étiquettes du DPE, pour éviter trop de pressions sur les diagnostiqueurs. Face à l’opposition des éditeurs de logiciels, le ministère a cependant revu sa copie. Exit le masquage : place à une solution plus réaliste, fondée sur la traçabilité des modifications.

Sur le papier, la mesure partait pourtant d’un bon sentiment : protéger les opérateurs contre certaines pressions, notamment celles de propriétaires ou d’agents immobiliers trop impatients de connaître la note et de demander au diagnostiqueur de la modifier lorsqu’elle ne leur convient pas.

Sur le terrain, les conséquences s’annonçaient vite ingérables. Comment réaliser un DPE projeté — celui qui anticipe les effets de travaux à venir — sans voir les étiquettes évoluer ? Comment faire quand un propriétaire apporte un complément d’information? Prenons un cas typique : un propriétaire découvre un classement énergétique qu’il juge sévère. Forcément, il se donne la peine de rechercher d’anciennes factures de matériaux ou de travaux. Autant d’éléments qui peuvent faire évoluer la note.

Un compromis validé par le ministère

Les éditeurs de logiciels, unanimes, ont alerté le ministère : le dispositif risquait de paralyser la profession plus qu’il ne la protégeait. Ils ont donc soumis une alternative plus pragmatique : plutôt que de cacher les étiquettes, tracer les modifications. Après plusieurs mois d’échanges entre la Direction de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Paysages (DHUP) et les acteurs du secteur, un compromis a été trouvé. Le masquage des étiquettes du DPE, prévu à l’origine pour le 1er octobre 2025 en vertu de l’arrêté du 16 juin 2025, est donc officiellement abandonné.

À la place, un système de traçabilité des modifications sera instauré. Une fois les données entrées, un message demandera au diagnostiqueur de confirmer, l’informant que toute modification sera désormais enregistrée. En clair, il sera encore possible de modifier le DPE, mais pas pour faire n’importe quoi car toutes les corrections ou ajustements effectués après le premier affichage de l’étiquette seront automatiquement enregistrés. Et l’historique complet des modifications pour chaque DPE sera transmis à l’Ademe.

Autant dire que les petites bidouilles suspectes qui permettent de grappiller une classe énergétique, risquent d’être détectées. Selon les éditeurs de logiciels, ces mises à jour déjà en cours d’intégration devraient entrer en vigueur dès décembre 2025. Sur le fond, la profession accueille favorablement ce revirement. L’idée du masquage, même si elle partait d’un bon sentiment en luttant contre le diagnostic de complaisance, apparaissait difficilement conciliable avec la réalité du terrain.

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