Désamianter oui, mais à quel prix ? Peu d’aides sont proposées par le gouvernement pour réduire les coûts. Pour y remédier, Pierre-Albin Rousset (SFTP), Jean-Christophe Fauroux (projet européen Bots2rec) et Stanislas de Benoist ( Société Iso-Top Etanchéité – projet Rodde), ont imaginé des robots capables de réaliser le travail d’un technicien mais en évitant le maximum de dangers qui existent.
Différents robots, même volonté
L’objectif est clair. Développer un robot autonome pour réduire les coûts matériels et physiques. Pour cela, nos interlocuteurs misent sur la technologie. La robotique associée à l’intelligence artificielle permet au robot de réaliser des tâches de manière « autonome ».
Pour les robots développés dans le cadre du projet Bots2rec, “l’idée était de créer des robots qui interviendraient de manière sécurisée pour désamianter un logement. L’avantage est qu’ils travaillent 24h/24 sans aucun risque pour l’opérateur”, explique Jean-Christophe Fauroux. “Ce dernier n’a qu’à superviser les opérations en désignant la zone à décaper.” Les robots sont compacts pour accéder au chantier, passer par des portes et rentrer dans un ascenseur. On peut les télé-opérer à l’aide d’une interface de commande, ou les laisser évoluer en autonomie. Ils sont équipés d’un bras monté sur base mobile et capable de nettoyer automatiquement toute surface au sol, sur les murs ou au plafond. L’aspiration est très puissante, centralisée et située à l’extérieur de la zone confinée.
Pour le robot SFTP, « le robot va scanner la pièce, il va ensuite restituer le volume en 3D sur un ordinateur pour que l’opérateur lui indique sur quelle surface il doit intervenir. (…) Le robot se déplace tout seul, calcule ses trajectoires ». « Le gain de temps et de coût sera considérable quand il sera commercialisé », souligne Pierre-Albin Rousset. Un opérateur ne peut pas travailler plus de six heures par jour mais, « avec un robot, il peut faire le double ou travailler en continu. Les opérations s’enchaînent beaucoup plus vite grâce à la programmation informatique des trajectoires et des passes », explique le directeur.
Pour le robot Rodde, « l’objectif principal est de réduire les coûts de désamiantage pour les toitures amiantées. Le robot est commandé à distance à l’aide de bras mécaniques, la fonction principale est le retrait des plaques amiantées ». Le projet Rodde utilise la reconnaissance digitale « avec des éléments hardware et software ». Il se veut « robuste et résistant face aux intempéries et facile de manipulation et d’entretien ».
Après l’évacuation, la pollution ?
La robotisation atténue les risques et la pénibilité en phase de retrait pour les opérateurs mais qu’en est-il de l’évacuation des déchets? Après l’intervention, il faut penser à la gestion des déchets.
Jean-Christophe Fauroux nous explique que le robot possède un filtre cyclonique : « comme un aspirateur ménager, le robot aspire les fibres amiantées. Les déchets sont contenus dans un sac à double paroi qui va être ensuite scellé par des professionnels, sans risque ». Et après ? « Les sacs sont emmenés dans une installation spécifique pour l’amiante ».
Ce n’est pas Pierre-Albin Rousset qui vous dira le contraire. « Bien sûr, il faut faire attention à l’environnement, c’est pour cela que, pour l’instant, ces travaux se feront encore sous confinement et que les déchets amiantés seront toujours mis en double sac puis en sac big bags et ils seront ensuite transportés au centre spécialisé ».
Pour les toitures amiantées, le robot Rodde prend des précautions, « nous appliquons le traitement amiante classique, après extraction, il est transférée en toute sécurité dans une décharge spécialisée » détaille Stanislas de Benoist.
Une longue gestation
Seule ombre au tableau, pour l’instant aucun des projets présentés n’a abouti. Pourquoi ? Plusieurs raisons. « La crise sanitaire a sûrement pesé dans la balance, nous sommes actuellement en train de reprendre les travaux, l’ambition est toujours là, la réalité des choses fait que nous n’avançons pas au rythme que l’on voudrait », confie Pierre-Albin Rousset.
Pour Jean-Christophe Fauroux, « le projet européen Bots2Rec a bénéficié d’une excellente évaluation de l’Europe. Deux prototypes fonctionnels ont été développés. Il reste maintenant à les convertir en produits. Je suis maintenant dirigeant de la société MecaBotiX, où nous développons des robots manipulateurs mobiles comme dans le projet Bots2rec, pour des applications de logistique d’entrepôt cette fois ».
Du côté de Rodde, une avancée significative a eu lieu. « En octobre 2021, nous avons réalisé notre premier test sur le terrain, c’était la première fois que Rodde intervenait sur une vraie toiture amiantée ». « Le test a été concluant puisqu’il a réussi à retirer des plaques amiantées » annonce Stanislas de Benoist. Il reste malgré tout un enjeu, « la seule limite que nous avons constatée est que le robot était ralenti par les fixations de la plaque fibro, il y a encore des choses à améliorer mais on est sur le bon chemin ».
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