La tendance se confirme. Même si l’Anah se félicite d’une hausse des rénovations ambitieuses, le nombre de chantiers recule sévèrement. A la fin du troisième trimestre, l’Agence enregistre (seulement) 230.000 logements rénovés, et les pouvoirs publics tablent désormais sur 350.000 rénovations aidées à la fin d’année. C’est presque deux fois moins qu’auparavant.
La nouvelle version de MaPrimeRénov’ orientée vers la rénovation globale n’a pas (encore?) trouvé son public. Et même les corrections apportées à la formule au printemps dernier ne semblent pas avoir relancé la machine. Le nombre de rénovations aidées est en chute libre avec 230.995 logements rénovés à fin octobre. Pour se faire une idée, en 2023, MaPrimeRénov’ avait financé 570.000 logements et en 670.000 en 2022. Le coup de frein est donc sérieux.
Certes, depuis le début d’année, MaPrimeRénov’ privilégie davantage les rénovations d’ampleur, les seules véritablement efficaces pour éradiquer les passoires thermiques. Sur les rénovations comptabilisées depuis le début d’année, l’Anah en recense 42.745, mais elle observe surtout une dynamique de fond avec 70.601 dossiers déposés depuis le début d’année. « Pour les rénovations d’ampleur, une accélération sensible avec autant de dépôts en 3 mois que sur l’ensemble du premier semestre, témoignant de la bonne appropriation du dispositif mis en place en janvier 2024 » explique-t-elle dans son bilan.
Les chiffres ne disent pas tout. Après tout, déjà en 2023, on comptabilisait déjà plus de 71.000 rénovations globales donc on ne peut pas parler véritablement de hausse spectaculaire aujourd’hui. Oui, mais pour l’Anah, ces rénovations sont désormais plus ambitieuses encore. « Les projets de rénovation d’ampleur sont nettement plus ambitieux qu’en 2023 (…). 75% des dossiers concernent des logements avec une étiquette énergétique F ou G. Le coût moyen d’un projet de travaux en logement individuel est de 55.540 euros et bénéficie d’une aide moyenne de 37.973 euros. »
MaPrimeRénov’ stabilisée en 2025
Ce bilan intervient alors qu’une nouvelle mouture de MaPrimeRénov’ est attendue pour 2025. On le sait, le budget devrait encore être raboté, avec désormais 2,3 milliards d’euros prévus par le Projet de loi de finance. En octobre, Laurent Saint-Martin, ministre des Comptes publics, estimait nécessaire « d’adapter les crédits aux besoins réels ». En réalité, le budget devrait donc s’approcher de ce qui aura été consommé en 2024.
MaPrimeRénov’ 2025 devrait d’ailleurs être très proche de la version actuelle. Le DPE avant rénovation, et l’impossibilité de réaliser des travaux monogestes dans les passoires thermiques F et G, avaient été suspendus en mai, pour relancer la machine, mais les deux mesures étaient censées revenir au 1er janvier 2025. Ce n’est plus d’actualité.
A peine nommée, la ministre du Logement Valérie Létard avait rassuré le monde du bâtiment sur ce sujet, les deux mesures temporaires perdureront dans le temps. « Les mono-gestes sont essentiels à la rénovation et il ne faut pas les opposer à la rénovation globale », déclarait-elle sur le salon Batimat le mois dernier. Et elle a encore réaffirmé ces derniers jours sa volonté de maintenir « l’essentiel des critères et des paramètres ». Manque de stabilité, c’était une des critiques récurrentes adressées à MaPrimeRénov’ dont l’évolution incessante nuit à son succès.
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