A quoi pourrait ressembler MaPrimeRénov’ dans quelques mois ? Un décret publié en juillet encourage les ménages aisés et intermédiaires à solliciter davantage les aides dès 2025. Pourtant le spectre d’un sérieux coup de rabot sur la prime vedette de l’État se dessine.
Le gouvernement démissionnaire n’a pas touché à MaPrimeRénov’. Mais en touchant aux règles d’écrêtement, il permet aux foyers aisés ou intermédiaires de cumuler davantage de subventions. Mécaniquement, ces ménages devraient donc être plus nombreux à solliciter la fameuse MaPrimeRénov’. Surgie durant l’été, cette évolution doit contribuer à relancer le grand chantier de rénovation aujourd’hui mal en point. En témoignent les chiffres de l’Anah tombés aussi durant l’été : 160.000 rénovations (monogestes ou globales) au premier semestre c’est presque deux fois moins qu’en 2023 qui déjà faisait moins bien que 2022.
Les nouvelles règles d’écrêtements entreront en vigueur au 1er janvier. Du coup, les ménages aisés et intermédiaires pourraient être tentés d’attendre pour se lancer dans leurs travaux de rénovation avec l’espoir de glaner davantage d’aides. A moins que d’ici là, MaPrimeRénov’ ne soit encore revue et corrigée.
Nouveau coup de rabot ?
Car le budget 2025 apparaît sous haute pression. Les lettres plafonds envoyées par Matignon en août afin d’esquisser la répartition des finances dans les ministères plusieurs médias promettent des coupes budgétaires pour le ministère de la Transition écologique. Avec un déficit public qui culmine à 6,2% du PIB, un nouveau coup de rabot se profile pour MaPrimeRénov’. Plus d’un milliard d’euros en moins pour un budget déjà amputé d’un milliard d’euros dans le courant de l’année 2024, déjà au nom des économies. Par rapport au budget initial de 2024, MaPrimeRénov’ 2025 se trouverait ainsi quasiment divisée en deux. Un bien mauvais signal envoyé à la rénovation énergétique.
Rien n’est fait, ces lettres plafonds sont bien sûr réversibles. Il faudra attendre le projet de loi de finances auquel le futur gouvernement ajoutera peut-être sa patte (il a jusqu’au 1er octobre pour le déposer) et les premières discussions au parlement pour avoir une tendance claire. Et pour savoir quels arbitrages l’emportent.
D’un côté, la nécessité de relancer une rénovation énergétique qui s’éloigne dangereusement de ses objectifs : 200.000 rénovations globales étaient initialement attendues dès 2024, 20.000 seulement au premier semestre. Pour répondre aux ambitions de décarbonation dès 2030, il faut vite corriger le tir. La rénovation est censée accélérer la cadence, pas ralentir. Oui, mais l’heure semble aussi à l’austérité si on veut un jour revenir dans les clous avec un déficit budgétaire inférieur à 3% du PIB. Dilemme.
Arbitrages attendus
Ce n’est pas le seul arbitrage attendu. Le prochain gouvernement aura aussi à trancher dans le contenu de MaPrimeRénov’. La version 2024 prévoyait un recentrage sur les rénovations globales réputées plus efficaces. Cela partait sans doute d’un bon sentiment, mais la nouvelle formule n’a pas fait recette. Résultats, la prime à la transition écologique a été revue et corrigée en catastrophe en mai et les principales mesures portées par cette réforme repoussées en 2025.
Obligation d’un DPE avant travaux, obligation de coupler des monogestes, interdiction de financer des monogestes dans les passoires énergétiques…, toutes ces mesures aujourd’hui en stand-by sont censées revenir mécaniquement dès le 1er janvier. Mais là aussi, il est vraisemblable que le nouveau gouvernement soit tenté d’y ajouter sa patte et donner, peut-être, de nouvelles orientations à MaPrimeRénov’. Le manque de visibilité et de stabilité dans le dispositif de rénovation, en mouvement perpétuel depuis des années, a souvent fait l’objet de critiques, mais elles n’ont jamais été aussi justifiées qu’aujourd’hui.
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