La rénovation énergétique sacrifiée sur l’autel des économies. Dimanche soir, Bruno Le Maire a annoncé que le budget MaPrimeRénov’ serait amputé d’un milliard d’euros en 2024. Le symbole est lourd, les ambitions sont désormais revues à la baisse. Mais dans les faits ce coup de rabot ne devrait pas changer grand-chose puisque MaPrimeRénov’ ne parvient pas à consommer tous les crédits.
La grande cause énergétique semblait bénéficier d’un robinet à subventions au débit toujours plus généreux. 1,6 milliard d’euros pour MaPrimeRénov’ en 2022, 2,3 milliards en 2023, et 4 milliards pour 2024. Alors, l’annonce du ministre de l’Économie a des allures de douche froide. Les prévisions de croissance sont moins bonnes que prévu, il faut dégager des économies, et même MaPrimeRénov’ n’échappe pas au tour de vis budgétaire.
« On a engagé beaucoup de dépenses depuis des années, nous ferons une économie d’un milliard d’euros sur la Prime Rénov’ », lâchait Bruno Le Maire au JT de TF1 dimanche soir. « On avait annoncé une enveloppe supplémentaire de 1,6 milliard de 2023 à 2024, il y aura toujours une augmentation de 600 millions d’euros mais nous récupérons 1 milliard sur un dispositif dont les montants ont été multipliés par sept entre 2020 et 2024. » Le signal est fort et on serait tenté d’y voir un tournant dans la politique du gouvernement pour ne pas dire un rétropédalage en règle. Sur le fond, pourtant, l’annonce ne change pas grand-chose.
Le DPE pour justifier des économies
Sur le plateau de France 2, dès lundi matin, Thomas Cazenave, le ministre des Comptes publiques assurait le SAV. « Le budget va continuer à augmenter, mais de manière moins importante. » Pourquoi ? Parce que MaPrimeRénov’ n’a plus besoin d’autant d’argent. L’État ambitionnait 700.000 rénovations énergétiques en 2024, dont 200.000 rénovations globales, manifestement, l’objectif ne tient plus. Et, surprise, l’une des explications tient au DPE qui vient d’être corrigé pour les petites surfaces. « Christophe Béchu a entrepris une révision du Diagnostic de performance énergétique qui peut changer le nombre global de logements à rénover. » Moins de logements à rénover, donc moins d’aides à distribuer, logique.
Une autre raison -non donnée par le ministre- tient sans doute à l’essoufflement de MaPrimeRénov’ depuis deux ans. Plus de 700.000 rénovations financées grâce à la prime en 2021, puis 670.000 rénovations en 2022, et enfin, 570.000 rénovations en 2023. Résultats, fin 2023, il demeurait un milliard d’euros dans les caisses de l’aveu même de Thomas Cazenave, en Commission des finances à l’Assemblée nationale en octobre. Dit autrement, la coupe budgétaire annoncée par Bruno Le Maire devrait être indolore puisque de moins en moins de ménages sollicitent MaPrimeRénov’.
C’est d’autant plus vrai que la réforme de MaPrimeRénov’ souvent louée parce qu’elle favorise désormais les rénovations globales, soulève beaucoup d’interrogations sur sa capacité à relancer la rénovation. Au contraire. En encadrant sévèrement les travaux monogeste pourtant prisés des Français (plus de huit aides sur dix), ou en rabotant les aides sur les foyers et autres inserts bois, équipements parmi les plus aidés ces dernières années, un sérieux doute pesait sur la capacité à atteindre les objectifs de rénovation assignés. Avec cette séquence, on sait désormais que ces doutes sont partagés par le gouvernement.
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