Combien va coûter la rénovation ? Épluchant les travaux menés dans un millier d’appartements (T1, T2, T3), Flatloocker et 110% Chasse immobilière estiment qu’il faudra en moyenne sortir 20.000 à 40.000 euros, et même davantage parfois, pour amener une passoire énergétique à une étiquette D. Pour les petits logements, la rénovation se révèle particulièrement coûteuse d’autant qu’elle est synonyme de surface habitable réduite.
16.000 euros pour faire passer un appartement T1 d’une classe F à une classe D. 48.685 euros si nous sommes dans un T3 et que l’on part d’une classe G. Oui, la rénovation énergétique coûte cher. Très cher même, de 500 à 800 euros par m² selon le type d’appartement, selon l’étiquette de départ.
Et encore, on ne prend en compte que les travaux de rénovation énergétique à proprement parler : changement de menuiseries, ventilation, isolation des parois, changement des équipements de chauffage et de production d’eau chaude… S’il faut en plus rénover les sols, la cuisine ou la salle de bain, il faudra donc allonger quelques billets supplémentaires.
Bien sûr, les coûts tirés d’une étude comparative menée sur un millier de rénovations, restent purement indicatifs. Les auteurs le reconnaissent, ils évoquent une étude « généraliste » qui ne prend pas en compte par exemple, les appartements en rez-de-chaussée ou au dernier étage qui peuvent nécessiter des coûts supplémentaires. L’objectif est de donner des points de repères aux acquéreurs qui se lancent dans l’acquisition d’une passoire énergétique : combien leur en coûtera une rénovation, quel sera aussi l’impact sur la surface du logement.
Car en cas d’isolation intérieure, solution souvent privilégiée pour préserver une façade, la perte de surface n’est pas anodine. Jusqu’à 10% pour un studio de 25 m², avec un doublage de 10 cm d’épaisseur. Perte de surface habitable, coût élevé de la rénovation, pas sûr que les économies d’énergie mises en avant par l’étude soient suffisantes pour faire pencher la balance en faveur de la rénovation.
Un effort insoutenable pour les ménages
20.000, 30.000 ou 40.000 euros, si dans les métropoles, Paris en tête, l’investissement peut se justifier au regard du prix du m², c’est loin d’être le cas dans les zones rurales où cette rénovation se révèle un vrai casse-tête, demandant un gros effort financier des ménages. Peut-être un peu trop, même.
Dans un récent rapport, France Stratégie, le think tank rattaché à Matignon, évoquait une rénovation insoutenable pour les ménages modestes, mais aussi pour les classes moyennes avec des taux d’effort prohibitifs. D’autant que la transition écologique ne se résume pas à la rénovation du logement, que dans le même temps les ménages devront aussi se convertir à la voiture électrique.
L’étude de Flatlooker et de 100% Chasse immobilière rappelle ainsi combien la rentabilité d’une rénovation énergétique reste difficile à trouver. Investir dans une pompe à chaleur, isoler sa maison par l’extérieur, permettent de sérieuses économies sur la facture -un peu moins si tient compte de l’effet rebond-, mais le retour sur investissement risque d’être sacrément long.
France Stratégie, encore, s’était penché sur le sujet en 2022. À base de savantissimes projections, le think tank évoquait une rentabilité souvent hasardeuse. Même sur trente ans, pour un quart du parc au minimum, les économies d’énergie réalisées ne permettent pas de financer la rénovation. Trente ans, pourtant, c’est long. Et pas sûr que la pompe à chaleur, le chauffe-eau thermodynamique ou les nouvelles menuiseries aillent jusque-là.
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