Officiellement, la précarité énergétique n’a pas bougé. Le dernier tableau de bord de l’Onpe (Observatoire national de la précarité énergétique) évoque 3,4 millions de foyers touchés. Un chiffre grosso modo identique depuis dix ans. Dans le détail du rapport, des indicateurs plus récents laissent pourtant entrevoir l’inexorable montée de la précarité énergétique.
26% des ménages ont souffert du froid chez eux
Plus d’un ménage sur quatre dit avoir souffert du froid dans son logement durant au moins 24 heures, au cours de l’hiver 2022-2023. La tendance est très clairement à la hausse : 14% en 2020, 20% en 2021, 22% en 2022.
Cette forte montée est d’abord en lien avec les augmentations des prix des énergies. « Dans 42 % des cas, les personnes qui ont souffert du froid l’expliquent par la nécessité de limiter le chauffage pour des raisons financières. Ce motif est en augmentation de 5 points par rapport à 2022 », explique l’Onpe. Vient ensuite la mauvaise isolation du logement évoquée par 34% des personnes.
79% des Français ont réduit leur chauffage
C’est dix points de plus qu’en 2022 ! Et si les Français fournissent un effort de sobriété, c’est d’abord pour limiter leur facture. « 84% des foyers interrogés déclarent que les factures d’énergie représentent aujourd’hui une part importante des dépenses de leur foyer (contre 82% en 2022) », selon l’Onpe. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, le taux monte à 92% chez les ouvriers, 90% chez les moins de 35 ans, 90% dans les communes de moins de 2.000 habitants.
31% des foyers interrogés (ils étaient 27 % en 2022) disent ainsi avoir rencontré des difficultés pour payer certaines factures d’énergie.
863.000 interventions pour impayés
C’est un record. L’année 2022 a enregistré ainsi 863.000 interventions des fournisseurs d’électricité et de gaz à la suite d’impayés. Ce chiffre est en nette augmentation (+10%) par rapport à 2021 qui était pourtant déjà un record.
La nature des interventions a toutefois changé. Depuis avril 2022, EDF a mis fin aux coupures d’alimentation en électricité de ses clients, tout en maintenant une fourniture de 1 kVA. Les coupures d’électricité ont donc baissé (-21% par rapport à 2021), mais les réductions de puissance ont grimpé en flèche (+36%).
14% des foyers sont en situation de privation matérielle et sociale
On appelle « privation matérielle et sociale » lorsqu’un ménage ne parvient plus à couvrir cinq éléments de la vie courante sur les treize considérés comme souhaitables ou nécessaires (se priver de chauffage, se priver de voiture, connaître des impayés de loyers/remboursements de crédits, de factures d’énergie, ne pas manger de repas avec des protéines au moins tous les deux jours…).
Cet indicateur atteint ainsi son plus haut niveau depuis 2013. Dans le détail, l’Onpe note la « forte augmentation de la difficulté liée au chauffage du logement ». « En 2022, 10,2 % des personnes déclarent des difficultés à chauffer suffisamment leur logement (contre 5 à 7 % depuis 2013), en raison des prix élevés des énergies. »
3,4 millions de ménages en situation de précarité énergétique
11,9% des Français les plus modestes ont dépensé plus de 8% de leurs revenus pour payer des factures énergétiques de leur logement en 2021. Un chiffre élevé mais qui (maigre consolation) demeure toutefois constant depuis dix ans en tenant compte des variations météos. Un sérieux bémol toutefois, cet indicateur officiel ne va pas plus loin que 2021 et ne rend pas compte des éventuelles difficultés rencontrées par les ménages au cours des deux dernières années.
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