La précarité énergétique n’est pas moins pénible à la campagne. Au contraire. À l’occasion du Salon des maires et de la journée de la précarité énergétique, la semaine passée, Hellio a publié une enquête montrant combien la précarité énergétique est encore plus présente en zone rurale.
Les campagnes sont souvent moins riches que les villes et ça se ressent aussi sur la facture énergétique. Plus de neuf ruraux sur dix (91%) sont inquiets de l’évolution des prix de l’énergie, selon l’enquête Ifop menée pour le compte de Hellio. L’écart est flagrant : 17 points de plus que la population française dans son ensemble. Le sentiment est d’autant plus ardent que le sondage a été réalisé fin octobre, à l’entrée de la saison froide. 84% des ruraux aspirent donc à un retour du bouclier tarifaire mis en place au cours des deux hivers précédents, et aujourd’hui suspendu.
Plus d’un Français sur deux renonce à chauffer son logement à la campagne
Plus d’inquiétude, plus de sobriété, aussi pour la France des campagnes qui a sérieusement revu ses habitudes de consommation. Toujours selon notre enquête, 86% des personnes habitant dans les territoires ruraux ont réduit la température de leur logement (contre 76% pour la moyenne nationale) et 54% ont même déjà renoncé à chauffer leur logement (contre 42% pour l’ensemble des Français).
L’écart est conséquent, la population des campagnes apparaît plus exposée à la précarité. Une des explications tient à la typologie de l’habitat davantage constitué de maisons par nature plus gourmandes que l’habitat des villes, selon Hellio. « L’usage du fioul pour le chauffage, associé à des logements moins isolés, plus grands, et donc plus énergivores, ou encore l’utilisation plus régulière de la voiture, sont des facteurs pouvant engendrer des situations de précarité énergétique. »
Cette précarité plus prégnante se lit d’ailleurs à travers le DPE : parmi les départements qui comptent le plus de passoires énergétiques, on trouve le Cantal, la Creuse, la Nièvre ou l’Allier, pas franchement des territoires urbains. Très logiquement, les habitants des campagnes aspirent donc davantage à la rénovation énergétique. 42% des ruraux disent ainsi avoir déjà mis en œuvre des travaux de rénovation énergétique contre 35% de la population globale.
Une proposition de loi pour lutter contre la précarité énergétique
La mobilisation contre la précarité énergétique trouve, une fois encore, un écho auprès des parlementaires. Jeudi, une proposition de loi transpartisane a été déposée à l’Assemblée nationale pour interdire les coupures d’électricité chez les particuliers, tout au long de l’année et plus seulement durant la trêve hivernale.
Des mesures avaient été déjà prises en ce sens, puisque les fournisseurs d’électricité privilégient déjà les réductions de puissance plutôt que les coupures. En 2022, selon les chiffres du Médiateur de l’énergie, 609.000 réductions de puissance ont été comptabilisées en nette progression (448.000 en 2021) tandis que les coupures ont singulièrement baissé (157.000 contre 254.000 en 2021).
Ce n’est pas la première proposition du genre. Cette année, déjà, une proposition de loi visant à résorber la précarité énergétique avait été examinée au Sénat avant d’être rejetée en séance publique. La nature transpartisane du nouveau texte porté à la fois par des députés Renaissance et apparentés, Liot, PS, Modem, laisse toutefois présager un meilleur sort pour la nouvelle proposition.
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