Rénovation énergétique: l’enjeu n’est pas du tout le même selon les territoires

Rénovation énergétique calendrier

Deux millions de passoires énergétiques devront être rénovées au cours des prochaines années sous peine de ne plus pouvoir être louées. Plus de sept millions de logements F et G au total, si on ne se limite pas au seul parc locatif qui devront en passer par une rénovation. À l’échelle de la France, cela semble terriblement ambitieux, mais si on regarde pour certains territoires, cela paraît quasi impossible car la répartition de ces logements énergivores est loin d’être uniforme en France.

Hérault qui rit, Creuse qui pleure. Quand la part des passoires énergétiques est réduite à sa portion congrue pour le premier, les logements énergivores pèsent pour la moitié du parc immobilier chez le second.

Selon la nouvelle photographie du parc hexagonal livrée par l’Ademe qui a compilé tous les DPE de France et Navarre depuis juillet 2021, le pays compterait 17% de son parc en F et G. Un logement sur six. Mais cette moyenne à l’échelle nationale masque cependant de grosses disparités. En Normandie ou en Bourgogne-Franche Comté, pratiquement un logement sur quatre (23%) est une passoire énergétique contre seulement 11% de logements classés F et G en Occitanie. L’effort de rénovation ne sera donc pas le même pour les années à venir.

La part de passoires énergétiques selon les régions

RégionClasse EClasse FClasse G
Auvergne – Rhône – Alpes22%11%9%
Bourgogne – Franche-Comté24%12%10%
Bretagne19%9%7%
Centre – Val-de-Loire23%11%8%
Corse11%5%4%
Grand Est22%11%6%
Hauts-de-France24%11%7%
Ile-de-France21%10%8%
Normandie25%13%10%
Nouvelle-Aquitaine 20%10%6%
Occitanie16%7%4%
Pays-de-La Loire20%9%6%
Provence-Alpes-Côte d’Azur17%8%4%
Source: Observatoire du DPE/Ademe 24/10/2022

Et si on affine, les écarts se creusent. On compte près de 50% de passoires dans la Creuse, 45% dans le Cantal ou en Lozère, 36% dans l’Orne, 32% en Corrèze… Ce ne sont pas les départements les plus denses, mais 34% à Paris, 27% aussi en Haute-Marne, 25% dans la Somme… Et à l’inverse, 7% de passoires seulement dans l’Hérault ou les Bouches-du-Rhône, 8% dans le Var ou le Gard. Forcément, les enjeux de rénovation ne sont plus du tout les mêmes tout comme l’impact sur le marché locatif. Paris en est l’exemple type, avec plus d’un tiers de son parc classé F ou G.

Les départements qui comptent le plus de passoires énergétiques

DépartementClasse FClasse G
Creuse21%28%
Cantal 18%27%
Lozère19%26%
Paris19%16%
Orne20%15%
Alpes de Haute-Provence17%17%
Corrèze15%16%
Allier16%15%
Hautes-Alpes16%15%
Nièvre15%15%
Haute-Loire13%14%
Yonne13%14%
Ariège14%13%
Haute-Marne 15%12%
Indre15%11%
Source: Observatoire du DPE/Ademe 24/10/2022

La loi Climat et résilience ne fait pourtant aucune distinction. Que l’on habite sous des cieux septentrionaux, ou sous des latitudes plus ensoleillées près de la Méditerranée, l’ambition reste la même, l’échéancier ne change pas. Tout ce qui est étiqueté G ne pourra plus être loué à partir de 2025 (et même 2023 pour les logements les plus énergivores), tout ce qui est en F connaîtra le même sort en 2028, puis E à partir de 2034.

Le calendrier, mais aussi les aides restent identiques. L’État communique volontiers sur les dispositifs mis en place France Rénov, Mon Accompagnateur Rénov, et bien sûr les différentes aides comme les certificats d’économie d’énergie (CEE) ou la fameuse MaPrimeRénov’ qui doit encore être revue et corrigée en 2023. La prime de transition énergétique doit massifier les travaux de rénovation, mais avec deux barèmes (Iles-de-France et province), là encore elle ne tient pas compte des spécificités locales. De quoi plaider pour une politique de transition énergétique davantage décentralisée…