Les prix des matériaux de construction n’en finissent plus de flamber, et par ricochet, les aides distribuées par le gouvernement deviennent moins intéressantes. Selon une indiscrétion du magazine Capital, le ministère de l’Économie et des Finances réfléchit à différentes pistes pour ne pas contrarier la rénovation énergétique.
On pourra y voir un paradoxe. La guerre en Ukraine donne de l’élan à la rénovation, indispensable pour gagner notre souveraineté énergétique, mais elle risque aussi de freiner les travaux en pesant lourdement sur la facture des matériaux de construction. Interviewé voilà plusieurs semaines, Jean-Christophe Repon, le patron de la Capeb, regrettait le manque de visibilité à moyen terme. Entre janvier et avril 2022, les prix des matériaux ont à nouveau augmenté de 18%, selon la confédération des artisans du bâtiment. Mais les hausses évoquées sont parfois bien plus élevées, +30%, +40% et davantage encore pour certains produits comme le cuivre ou le verre qui culminent à des niveaux jamais vus.
Pour le moment, cette flambée des coûts des matériaux ne semble pas avoir vraiment freiné l’engouement pour MaPrimeRénov’. L’aide vedette du gouvernement continue à séduire avec déjà plus de 200.000 primes distribuées au cours des quatre premiers mois de 2022. On reste peu ou prou dans la lignée du cru 2021 avec son record de 650.000 primes distribuées.
La rénovation oubliée de la loi sur le pouvoir d’achat
Pour le moment… Car plus les matériaux flambent, plus les aides à la transition énergétique deviennent mécaniquement moins intéressantes, avec un reste à charge des ménages de plus en plus élevé. Autant dire qu’à ce rythme, les mesures incitatives risquent de l’être de moins en moins au fil des mois. Et toutes les mesures comme le cumul possible de l’éco-PTZ avec la prime de transition énergétique rendu possible depuis le 1er juillet, perdront de leur efficacité.
Pas question de ralentir le rythme de rénovation, on s’en doute, Bercy réfléchit à différentes solutions comme l’indexation des aides sur l’inflation galopante voire même sur le coût réel des travaux. Le projet de loi sur le pouvoir d’achat présenté par le gouvernement la semaine passée, ne parle toutefois pas de rénovation énergétique. S’il s’engage à maintenir le bouclier tarifaire mis en place fin 2021, la question des aides à la transition énergétique est passée sous silence.
La messe n’est pas dite, la proposition viendra peut-être par voie d’amendement puisque le texte est désormais dans les mains des députés. Ou alors il faudra attendre la rentrée et le projet de loi de finance 2023, pour savoir si les aides à la transition énergétique bénéficient, elles-aussi, d’un coup de pouce.
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