Suspension de MaPrimeRénov’ : les monogestes finalement épargnés

Le gel de MaPrimeRénov’ a jeté un coup de froid. Face à la levée de boucliers, le gouvernement recule et maintient la prime pour les travaux monogestes durant l’été. En attendant une énième nouvelle mouture de l’aide à la rénovation énergétique, vraisemblablement dès septembre.

Un geste d’apaisement. La suspension annoncée début juin devait porter sur les rénovations d’ampleur ET les travaux monogestes de chauffage et d’isolation. Autant dire l’énorme majorité des chantiers de rénovation aujourd’hui opérés chez le particulier. Devant la levée de bouclier des professionnels du bâtiment, le gouvernement rétropédale : lors d’un brief presse, lundi, le ministère a finalement annoncé que les monogestes y échapperont.

Afflux de demandes

La décision doit calmer le jeu auprès des fédérations du bâtiment passablement remontées contre cette brutale suspension en garantissant le maintien d’un volume de travaux. Car même si les monogestes ont considérablement baissé, ces travaux forment toujours le gros contingent des aides MaPrimeRénov’. Quelque 78.000 dossiers de rénovations par gestes ont été enregistrés au 31 mai contre 44.000 pour les rénovations d’ampleur. « Le travail de fond et de négociation engagé depuis dix jours, puis la décision d’une mobilisation nationale et locale (…) ont porté leurs fruits » se réjouissait la FFB dès lundi dans un communiqué.

Effet boomerang, ce revirement ne va sûrement pas faciliter la tâche de l’Anah pour éponger le retard accumulé, un des motifs pourtant mis en avant par le gouvernement pour justifier de cette suspension. D’autant que -il fallait s’y attendre-, la fermeture du guichet d’ici le 1er juillet a d’ores et déjà provoqué un afflux de dossiers chez les propriétaires. Chaque jour, entre 200 et 400 dossiers sont actuellement déposés pour des rénovations d’ampleurs, alors que les délais de traitement sont déjà passés de 70 à 105 jours au cours des derniers mois.

Les contours de MaPrimeRénov’ encore revus

Le ministère a toutefois averti, ce maintien des aides pour la rénovation monogeste ne doit pas être considéré comme « une pérennisation sans conditions ». Le gouvernement cherche à réaliser des économies, le ministère réfléchit depuis quelques mois pour alléger la facture de MaPrimeRénov’ en mettant davantage les CEE à contribution.

Face à l’inflation des coûts liés aux rénovations d’ampleur (62.000 euros HT versés en moyenne contre 56.642 euros HT un an plus tôt), le ministère réfléchit également à d’autres pistes. Lundi, il a évoqué un abaissement du plafond des subventions de 70.000 euros à 50.000 euros et un abaissement du taux de financement maximum de 90% à 80%. Une réflexion vise aussi à recentrer les rénovations d’ampleur sur les passoires énergétiques. Aujourd’hui, tout ménage peut prétendre aux aides à partir du moment où la rénovation lui fait gagner deux classes énergétiques. Dès la rentrée, seuls les logements F et G, voire E, pourraient donc être concernés.

Pas vraiment le choix, avec un budget de 3,6 milliards d’euros sur 2025, l’enveloppe MaPrimeRénov’ fond comme neige au soleil. A tel point qu’au rythme actuel des rénovations, le budget sera consommé au bout de neuf mois selon le ministère. Et en ces temps de disette budgétaire, l’État n’a visiblement pas l’intention de remettre la main à la poche, même pour la transition énergétique.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire