Amiante : le HCSP veut abaisser le seuil de santé publique

Faux plafond amiante ecole

Depuis le temps qu’on en parle. Déjà en 2014, le Haut Conseil de santé publique (HCSP) recommandait d’abaisser le seuil de déclenchement des travaux en cas d’amiante. Dans un avis émis en 2024, mais dévoilé seulement ces derniers jours, le Haut Conseil revient à la charge et plaide un abaissement du seuil de santé publique de 5 fibres/litre à 2 f/L.

L’amiante devient particulièrement dangereux lorsque ses fibres se dégagent dans l’air et sont susceptibles d’être inhalées. C’est pour ça que face à un matériau ou un produit en mauvais état, le diagnostiqueur recommande une mesure d’empoussièrement voire un désamiantage pur et simple.

Le Code de santé publique définit un seuil : à partir d’une concentration supérieure à 5 fibres par litre d’air (5 f/L), prière de réaliser des travaux de désamiantage ou d’encapsulage. Ce seuil n’a pas bougé de depuis plusieurs décennies. Ce qui ne veut pas dire qu’en dessous de 5 fibres, il n’existe aucun danger : l’amiante reste un toxique sans seuil.

Un bruit de fond des années 1970

Ce seuil figé dans la réglementation ne sort pas de nulle part: il correspond au bruit de fond mesuré dans l’environnement parisien des années 1970. A une époque où l’amiante était utilisé à toutes les sauces, et où on ne s’embarrassait pas de précautions.

Le contexte a bien changé depuis. Les voitures qui s’arrêtent au feu rouge n’ont plus d’amiante dans leurs plaquettes de freins, la pollution ambiante a bien diminué. Plusieurs mesures effectuées dans les années 1990 puis dans les années 2000 ont confirmé un abaissement drastique de ce bruit de fond. En 2012, le Laboratoire de la ville de Paris (Laboratoire amiante, fibres et particule) a mesuré une concentration de 0,08 fibre par litre (0,17 f/L en ajoutant les fibres courtes).

Dans ces conditions pourquoi ne pas abaisser le seuil réglementaire puisqu’il est établi sur une mesure devenue désuète ? La Direction générale de la santé (DGS) y songe. Au détour des années 2020, elle avait commandé une étude coût-bénéfice (non publique, malheureusement) pour mesurer l’impact économique et sanitaire d’une réduction de seuil à 2f/L, à 1 f/L et même à 0,1 f/L. En clair, est-ce que les surcoûts entraînés par les désamiantages supplémentaires liés à une réduction de seuil ne sont pas démesurés par rapport au gain en termes de santé publique.

Vers un seuil abaissé à 2f/L

Saisi à son tour par la DGS, le Haut Conseil de santé publique se prononce à nouveau pour un abaissement du seul de santé publique à 2 f/L. Selon sa recommandation, le seuil de déclenchement des travaux devrait être mis en œuvre quel que soit le type de matériau ou produit contenant de l’amiante, dans le cadre des évaluations de l’état de conservation.

Le HCSP va plus loin, il recommande aussi de se pencher sur les fibres courtes et longues, aujourd’hui non comptabilisées dans la mesure d’empoussièrement. Même si une mesure est inférieure à 2f/l, il préconise ainsi la recherche de ces fibres et une augmentation des contrôles en cas de présence avérée.

L’avis du HCSP s’inscrit dans le prolongement des nombreux rapports déjà émis par le passé. Puisque l’amiante est un toxique sans seuil et puisque ce seuil de santé publique repose sur une mesure désormais désuète, il serait peut-être temps de revoir la copie.

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