De très nombreux bailleurs continueront à louer une passoire en G sans effectuer de travaux

Logement à louer

Plus d’un demi-million de passoires toujours classées G demeurent dans le parc locatif. C’est beaucoup. Depuis le 1er janvier, leurs propriétaires sont censés effectuer des travaux afin que le logement reste décent. Deux études sorties à quelques jours d’intervalle montrent cependant que de très nombreux bailleurs n’envisagent toujours pas de rénovation énergétique.

C’était écrit. Et ce n’est pas faute d’avoir prévenu : la loi Climat et résilience était encore en gestation que les professionnels de l’immobilier mettaient déjà en garde. Ce n’est pas parce que la décence énergétique devient une condition sine qua non pour louer, que les propriétaires-bailleurs de passoires vont tous jouer le jeu.

La loi est entrée en vigueur au 1er janvier. Le propriétaire-bailleur d’une passoire avec un DPE en G est désormais hors des clous, puisque son logement ne répond plus aux normes de décence. L’intention était sans doute louable, le Législateur espérait donner un coup de fouet aux rénovations énergétiques et éradiquer les passoires dans le parc locatif, d’abord les G dès 2025, puis les F à partir de 2028.

Rénover ? Vendre ? Ou ne rien faire ?

Ça, c’était pour la théorie. PAP, Particulier à Particulier, s’est livré à un petit sondage en janvier auprès de 1.000 bailleurs. Une seule question : si vous êtes propriétaire d’une passoire thermique, projetez-vous de la rénover, de ne rien faire ou de la vendre ? Verdict : 46% des propriétaires interrogés envisagent de réaliser des travaux, 17% préfèrent vendre et 36% continueront à louer sans réaliser de travaux.

Les résultats sont sensiblement différents du côté de Guy Hoquet. Un quart des bailleurs de logement en G est prêt à effectuer des travaux de rénovation énergétique, 40% préfèrent vendre leur bien, 27% ont l’intention de continuer à louer sans travaux, et 7% laisseront leur bien vacant. Sur un marché du locatif où deux tiers des locations échappent au professionnel, un bailleur sur deux (seulement) apparaît conscient des risques encourus à continuer à louer un bien en G.

Pourtant, dans un marché hyper tendu, 55% des locataires seraient prêts à louer un bien classé G. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne feront pas valoir leurs droits. Selon Guy Hoquet, « trois quarts d’entre eux seraient prêts à engager une action en justice contre leurs propriétaires afin de les obliger à effectuer des travaux de rénovation énergétique ».

Des bailleurs attentistes

Si l’on en croit PAP, le bien-fondé de la rénovation énergétique n’est pas remis en cause. C’est bien le calendrier qui bloque, « trop restreint, irréaliste, et qui ne tient pas compte des réalités et des contraintes de la rénovation ».

Dans un univers sans cesse en mouvement, nombre de bailleurs restent attentistes. Les raisons d’attendre ne manquent pas. Puisqu’une énième modification du DPE en 2024 a déjà permis à 140.000 logements classés F et G de bénéficier d’une étiquette plus généreuse, « il est donc logique de voir un certain nombre de propriétaires attendre et espérer un énième changement qui leur permettra enfin de louer », analyse PAP.

Cet attentisme est d’autant plus encouragé par le climat politique actuel entre les incertitudes qui pèsent sur MaPrimeRénov’ et les nombreuses annonces pour assouplir le calendrier. Plutôt qu’une application systématique à tous les logements classés G, la décence énergétique pourrait ainsi se voir restreinte uniquement en cas de changement de locataire. Cela a été dit et répété, mais la traduction législative se fait attendre. De même, des mesures pourraient (devraient) voir le jour pour les copropriétés où on le sait la rénovation demeure souvent un casse-tête avec des intérêts contradictoires. La proposition de loi sera discutée cette semaine à l’Assemblée nationale. Alors puisque les règles du jeu risquent encore d’évoluer dans les mois à venir, les bailleurs préfèrent attendre.

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