
Vivre avec +4°C. C’est l’ambition du PNACC ou Plan national d’adaptation au changement climatique, troisième du nom, présenté par le gouvernement la semaine passée. Derrière cet acronyme imprononçable, une batterie de mesures doit préparer la France au réchauffement climatique à horizon 2100. Le logement n’est pas épargné, le PNACC promet quelques bouleversements et (encore) des évolutions en termes de diagnostic.
Et si les températures augmentaient de +4°C à la fin du siècle. Quatre petits degrés, cela semble peu, mais les conséquences sont pourtant énormes. Des dizaines et dizaines de milliers de bâtiments grignotés par la mer, des centaines de milliers d’autres qui se fissurent sous l’action des sécheresses répétées, des villes devenues irrespirables, des logements invivables en période de canicule…
Ce n’est plus un scénario catastrophe. Face à l’urgence climatique, l’heure n’est plus à se demander si cela arrivera ou non, mais à s’adapter à cette déferlante. Cinq axes, 52 mesures, et plus de 200 actions, le Plan national veut anticiper sur les conséquences multiples et variées du réchauffement climatique.
Un indicateur de confort d’été plus élaboré
Dans le logement, cela passe nécessairement par l’amélioration du confort d’été. Dans le neuf mais surtout dans l’existant. Certes, le DPE a déjà intégré un indicateur sommaire, l’audit énergétique prend en considération le confort d’été à chaque étape de travaux, et MaPrimeRénov’ finance depuis 2024 aussi des équipements comme les brasseurs d’air ou les protections solaires.
On ne part pas de zéro, mais il faudra faire davantage pour relever le défi climatique. Le PNACC laisse ainsi entrevoir de nouvelles évolutions pour le DPE. « L’indicateur permettant d’évaluer le confort d’été d’un logement est très simple et mérite d’être amélioré afin de refléter avec plus de précision la performance du logement sur ce critère en prenant notamment en compte la localisation du bâtiment, par exemple sur la base d’une description en degrés-heures comme dans la réglementation environnementale des bâtiments neufs RE2020. » Plus facile à dire qu’à faire, l’État le reconnaît volontiers : « Cette amélioration nécessite la mise en place d’une méthode de calcul thermique qu’il est complexe d’appliquer dans l’existant. »
Le Plan national annonce ainsi un budget de 500.000 euros pour réfléchir et élaborer ce nouvel indicateur qui devrait venir compléter la méthode DPE à « horizon 2028 ». « Une fois l’indicateur défini et amélioré, il pourra être envisagé des actions afin d’améliorer sa visibilité, comme l’affichage de cet indicateur sur les annonces immobilières et son utilisation dans le diagnostic de performance énergétique des bâtiments tertiaires. »
Le risque RGA introduit dans l’état des risques
Le confort d’été n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Au rayon, logement toujours, le PNACC laisse entrevoir des évolutions pour faire face au risque retrait-gonflement d’argile (RGA) qui menace plus de dix millions de maisons en France, et inquiète considérablement les assureurs. « Au vu de l’augmentation du nombre de sinistres et des coûts qui y sont liés (en moyenne 1,4 Md€ par an de sinistralité sur la période 2018-2022, et plus de 3,5 Md€ sur la seule année 2022), le développement d’une politique publique de prévention de ce phénomène sur le bâti existant pourrait éviter des coûts d’indemnisation futurs à la charge du régime CatNat. »
Le PNACC entend doter la France d’un arsenal avec notamment l’intégration du risque RGA dans l’information acquéreur-locataire « aujourd’hui limitée aux seuls biens ayant été indemnisés dans le cadre du régime des catastrophes naturelles ». « Cette mesure permettra d’élargir très fortement la diffusion de l’information sur le phénomène de RGA aux futurs acquéreurs / locataires en amont de l’achat ou de la location d’un bien. »
Le PNACC ne parle pas de diagnostic de vulnérabilité pour les biens exposés, mais ses mesures ne sont pas exhaustives. « Des mesures nouvelles (par voie législative et/ou réglementaire) pourront être définies à l’aune, notamment, des recommandations émises dans le cadre des rapports récents remis au gouvernement. »
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