La rénovation pour aussi réduire les dépenses de santé

ISolation exterieure

Ce n’est pas forcément l’aspect auquel on pense de prime abord. Mais la rénovation énergétique peut être à la fois bonne pour la planète, pour le porte-monnaie des ménages, et aussi pour les dépenses de santé. Dans le prolongement d’études déjà existantes sur le sujet, le programme Profeel piloté par l’Agence Qualité de la construction (AQC) publie un rapport pour mettre en lumière les gains sanitaires de la rénovation.

Et si la rénovation n’était pas seulement énergétique, mais aussi une question de santé publique ?  On n’y est pas encore. Pourtant, les gains sanitaires de la rénovation énergétique sont indéniables.

Le programme Profeel s’est focalisé sur la qualité de l’air intérieur avec des mesures avant et après travaux. Dans le collimateur, deux des principaux polluants, les particules fines PM2.5 et le radon, deux tueurs en série auxquels les pouvoirs publics attribuent respectivement 40.000 et 3.000 décès chaque année en France.

Sur les 29 logements étudiés, les travaux ont le plus souvent porté sur l’isolation des murs, le changement des menuiseries et le système de ventilation. Résultats, l’isolation de l’enveloppe conjuguée avec un nouveau système de VMC évite aux polluants extérieurs de pénétrer dans la maison.

Le radon en baisse, les particules fines en légère hausse

D’un logement à l’autre, les résultats sont toutefois inégaux. Côté radon, les auteurs du rapport notent tout de même « une amélioration significative » avec une baisse de la concentration moyenne de 58,9 Bq/m3.

Pour les particules fines 2.5 issues à la fois du chauffage au bois, du trafic routier, d’activités diverses et variées, des logements voient leur concentration baisser -drastiquement pour certains- d’autres en revanche affichent une mesure plus élevée après travaux. La rénovation n’explique pas tout, « les comportements des habitants, les variations météorologiques ainsi que l’importance du trafic routier ont également un impact direct sur ces variations de concentration », selon les auteurs du rapport.

Globalement, la rénovation énergétique se révèle cependant vertueuse pour la santé des occupants. « Pour les deux polluants étudiés ici, nous constatons une amélioration de la qualité de l’air intérieur mesurée pour 80% (4/5) des logements en ce qui concerne le radon, et 50% (6/12) pour les PM2,5 » poursuit le rapport. Par ricochet, la rénovation amène donc une réduction de la mortalité, une baisse des dépenses de santé, et de la perte de bien-être engendrée par la maladie.

Bien sûr, à l’échelle de l’échantillon -29 logements-, cela ne change pas grand-chose. Toutefois, si on prend le cas du radon, « lorsque ces résultats sont extrapolés à une population de 100.000 habitants, toutes choses égales par ailleurs, l’impact devient plus conséquent, avec environ 8,5 décès et 10,9 cas de morbidité évités ».

Des économies sur les dépenses de santé

Moins de radon, moins de décès et de maladies, cela signifie aussi une économie pour notre système de santé. « Une baisse du niveau de radon de 58,9 Bq/m³ se traduit par un gain sanitaire estimé à 769 euros par ménage (soit 214 euros par habitant). » A l’inverse, la hausse en concentration moyenne de particules fines 2.5 se traduit par « un coût sanitaire de 247 euros par ménage par an (soit 110 euros par occupant) ».

L’étude ne traite ici que de deux polluants. Les auteurs le reconnaissent volontiers pour une valorisation complète des gains sanitaires, il faudrait aussi considérer l’amélioration du confort acoustique, la réduction de l’humidité synonyme de moins de pathologies respiratoires, l’amélioration du confort thermique notamment l’été…

En 2022, France Stratégie, le think tank rattaché à Matignon avait déjà publié une étude sur le sujet. Le gain moyen annuel pour la société produit par une rénovation était estimé à 7.500 euros. Bout à bout, si l’ensemble des passoires thermiques étaient rénovées d’ici 2028, France Stratégie estimait les économies de dépenses de santé de l’ordre de dix milliards d’euros par an. Pour les logements les plus énergivores, un euro investi représente 1,65 euros d’économie sur le système de santé.

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