L’audit énergétique se fait étriller par Que Choisir

Fallait s’y attendre. Six mois après sa mise en orbite, l’audit énergétique se fait copieusement égratigné par le magazine Que Choisir. Des prix qui varient du simple au double. Des scénarios de travaux discordants pour un même bien. Des recommandations qui manquent parfois de pertinence. Dans son numéro d’octobre, l’association de consommateurs lance une alerte.

Le DPE y est abonné de longue date. Que Choisir et autres magazines consuméristes ont fait des diagnostiqueurs, une cible privilégiée. Pour l’audit énergétique, en revanche, c’est une première. La recette reste cependant la même : trois maisons sélectionnées dans les Bouches-du-Rhône, dans le Loiret et dans le Morbihan. Et pour chacun, deux à trois auditeurs testés sans le savoir. Aucun diagnostiqueur immobilier, même si ceux-ci réalisent l’audit énergétique réglementaire. Le magazine a (volontairement ?) retenu uniquement des thermiciens, des architectes, des cabinets de conseil en rénovation. Tous ou presque affichant un signe de qualité RGE. Verdict ? Des résultats franchement discordants.

Il y a d’abord la question du prix. Même si les tarifs de l’audit réglementaire ne sont pas encadrés, avec une prestation définie par la réglementation, on pourrait s’attendre à ce que les prix pratiqués par les différents professionnels tiennent dans un mouchoir de poche. C’est loin d’être le cas. L’audit a été facturé de 710 euros à 1.690 euros pour la maison des Bouches-du-Rhône. De 480 euros à 1.200 euros pour la maison du Loiret. C’est cher, trop cher pour certains, d’autant que l’UFC-Que Choisir relève quelques pratiques étonnantes au passage : comme un bureau d’étude thermique qui tente d’ajouter une option non demandée (300 euros) à son devis ou qui propose une assistance gestion des aides pour 950 euros ou 10% des aides. Plutôt lucratif.

Un bien, trois auditeurs, trois classes différentes

Passons sur la question des prix, après tout, si l’audit remplit son rôle, c’est peut-être secondaire. Justement. Comme pour le DPE en son temps, Que Choisir dénonce une prestation décidément peu fiable qui relève de la « loterie ». Avec des classements divergents pour un même bien. La preuve par l’exemple. Dans le Loiret, sur la même maison, aucun auditeur n’est capable de donner la même étiquette. On oscille du D au F (de 197 à 362 kWh.m².an). Ce qui est loin d’être la même chose en cas de vente ou de location.

Idem pour les scénarios de travaux, la pierre angulaire de l’audit. En vérité, rien ne colle. Ainsi pour la maison du Loiret, un auditeur annonce une classe A pour 83.000 euros de travaux. Quand le deuxième évoque du BBC pour 104.000 euros. Et le troisième, également du BBC mais pour… (seulement) 37.600 euros. Cherchez l’erreur, d’un auditeur autre, le montant des travaux se trouve ainsi quasiment triplé!

De quoi y perdre son latin. D’autant que certaines recommandations manquent de pertinence. Pêle-mêle, le magazine relève une rénovation qui parvient à du BBC sans traiter les déperditions importantes des murs et fenêtres, un auditeur qui oublie de parler de VMC dans ses trois scénarios de travaux, un autre qui néglige le poêle à bois « presque neuf » et préconise une pompe à chaleur et du photovoltaïque pour un investissement disproportionné…

Pour Que Choisir, « la situation s’avère préoccupante ». Car les pouvoirs publics fondent de gros espoirs sur cet audit obligatoire en cas de vente de passoires F et G. C’est lui qui doit inciter les propriétaires à rénover pour éviter une moins-value, c’est encore lui qui doit les accompagner dans leurs travaux, qui doit guider les acquéreurs et les banques dans les prêts immobiliers. Et pourtant, cet audit ne se révèle « pas mieux que le DPE». L’expérience des diagnostiqueurs, grands habitués de la presse consumériste, pourra peut-être inspirer les auditeurs afin d’éviter de répéter leurs erreurs du passé.

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