La valeur verte pèse de plus en plus dans l’acquisition d’un logement, les Français sont souvent prêts à rénover, mais les finances ont du mal à suivre. Une nouvelle enquête menée par le réseau Orpi et OpinionWay montre combien la rénovation entre peu à peu dans les mœurs et quels écueils il faudra encore lever pour doper ce grand chantier devenu indispensable.
Que les Français intègrent de plus en plus la dimension écologique à leur projet immobilier coule de source. Entre l’étau réglementaire qui se resserre, la prise de conscience du réchauffement climatique après un été hors normes, ou la crise énergétique qui voit les tarifs flamber, le contraire serait même étonnant.
Neuf foyers sur dix tentent déjà d’amortir les effets de la crise énergétique, selon Orpi et OpinionWay. On prête davantage attention aux lumières, à la température de chauffage, à l’utilisation de l’électroménager, deux tiers des Français sont désormais convertis aux écogestes et surveillent leur consommation.
La valeur verte devient un vrai critère de décision
“La conscience de l’impact environnemental de son bien immobilier s’accentue dans l’esprit des propriétaires-bailleurs et des acquéreurs”, selon l’Observatoire immobilier d’Orpi. Neuf répondants sur dix sont vigilants aux critères énergétiques des biens visités. Au passage, on mesure à nouveau l’importance acquise par le DPE.
Cette prise de conscience s’opère à deux niveaux: d’abord, on souhaite savoir si le bien implique des travaux, ensuite on s’intéresse à l’impact du bien sur la facture énergétique. La valeur verte a pris du poids, 64% des personnes interrogées “ne considèrent pas l’acquisition d’un bien classé en passoire énergétique comme une option pour leur projet”.
La tendance n’est pas nouvelle, mais elle semble brusquement s’accélérer. Au point de devenir décisive dans l’achat d’un bien. “C’est une tendance que nous observons depuis quelques années. Après des débuts timides, ce que l’on appelle aujourd’hui la valeur verte a d’abord émergé l’an passé, en marge des débats autour de la loi Climat et résilience. Aujourd’hui, en plus des convictions personnelles, c’est le contexte et la pression sur nos factures d’énergie qui font basculer cette valeur du stade de la légère attention, à celui de vrai critère de décision”, selon Guillaume Martinaud. Le président de la coopérative Orpi constate déjà le phénomène dans les agences du réseau, “avec une décote évaluée entre 15% et 20% d’après les dernières ventes opérées”.
Les aides restent encore trop compliquées
Conséquence logique, cette prise de conscience se traduit aussi par un désir de rénovation de plus en plus marqué. Plus de deux tiers des Français sont désormais prêts à réaliser des travaux chez eux. Tout le monde n’est pas encore converti, un quart des Français a toujours le sentiment d’habiter un bien énergétiquement performant: on le sait, pour être dans les clous à horizon 2050, plus de 95% des logements devront pourtant avoir été rénovés.
Pour y parvenir, il faudra sans doute mettre un peu plus de fluidité dans les dispositifs de rénovation car les Français se disent souvent perdus dans le millefeuille de la rénovation. Une personne sur cinq ne sait pas comment évaluer les performances énergétiques de son logement, une sur trois ne connaît pas l’existence des aides à la rénovation et une sur deux estime que l’obtention de ces aides reste trop compliquée et soumise à trop de conditions. “Pour plus de 50% des Français, la rénovation de leur bien est retardée par un manque de visibilité des aides”, constate Orpi. “Le manque de visibilité et lisibilité de ces aides gouvernementales reste un obstacle significatif.” Rénover coûte cher, et même si l’État a dopé les aides à la rénovations, même s’il vient d’annoncer un PTZ (prêt à taux zéro) pour compléter MaPrimeRénov’, le reste-à-charge demeure encore rédhibitoire pour bien des ménages.
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