Investir dans les mesures pour diminuer la pollution atmosphérique serait vraiment rentable selon une récente étude réalisée sur Grenoble. Les politiques publiques pour améliorer la qualité de l’air représentent bien sûr un coût, mais inférieur aux bénéfices sociétaux et économiques que l’on peut en espérer.
Les particules fines sont dans le collimateur. Invisibles à l’œil nu, 30 fois plus fines qu’un cheveu, rien que pour Grenoble et son agglomération, ces fâcheuses particules coûteraient la bagatelle de 495 millions d’euros et provoqueraient 145 décès prématurés, chaque année. Les décideurs locaux se sont donc fixé un objectif, réduire de deux tiers la mortalité sur l’agglomération à horizon 2030.
En ligne de mire, les deux principales sources de particules fines, les cheminées feu de bois à foyers ouverts et la circulation routière. Dans le cadre du projet Mobilair, des chercheurs du CNRS, de l’Inserm, de l’Inrae ou de l’université Grenoble Alpes, ont analysé les coûts-bénéfices de ces mesures. Résultat des courses, oui, il est possible de diviser par trois la mortalité due aux particules fines en combinant deux mesures, “le remplacement de tous les équipements de chauffage au bois non performants par des poêles à granulés récents, et la réduction de 36 % du trafic des véhicules personnels au sein de l’agglomération”.
Forcément, changer les comportements ne se fera pas tout seul. Ces démarches devront s’accompagner d’aides financières aux ménages pour acheter par exemple un poêle à granulés plus performant, pour développer des nouvelles infrastructures comme des pistes cyclables, pour encourager l’usage du vélo, ou l’utilisation des transports en commun plutôt que sa chère voiture…
Un gain de 629 euros par an et par habitant
Toutes ces mesures auront bien sûr un coût, mais elles se révèleraient in fine très rentables selon les experts de Mobilair. “La mise en œuvre réussie de ces mesures entraînerait des bénéfices sanitaires en cascade, qui
dépassent le gain sanitaire directement associé aux particules fines”, explique l’équipe de chercheurs. Moins de voitures sur les routes, c’est aussi moins de bruit, moins d’émissions de gaz à effet de serre et plus d’activité physique.
“Les scénarios avec le plus fort développement des modes actifs (marche et vélo) conduisent alors à un bénéfice net de 8,7 milliards d’euros sur la période 2016-2045, soit un gain annuel de 629 euros par habitant de la métropole.” Selon les scénarios, chaque euro investi par la collectivité génèrerait entre 1,1 et 4,7 euros de bénéfice sociétal. Et on ne parle ici que de Grenoble et de son agglomération, avec ses 450.000 habitants.
Et si on en faisait de même pour la France tout entière? Dans le passé, d’autres savantes études, ont montré combien coûtait cette mauvaise qualité de l’air intérieur ou extérieur. “En France, la pollution aux particules fines entraîne la mort prématurée d’environ 40.000 personnes”, rappelle le CNRS dans son communiqué. Et le coût associé à la mauvaise qualité de l’air est estimé à 100 milliards d’euros annuels, rien que pour la France.
En montrant mathématiquement que les bénéfices des mesures d’amélioration de la qualité de l’air sont supérieurs au coût de ces mêmes mesures, les chercheurs donnent ainsi des “pistes scientifiquement validées pour améliorer significativement la santé à l’échelle de l’agglomération”.
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