L’air du métro, trois fois plus pollué qu’à l’extérieur

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Contrairement à une idée reçue, l’air intérieur est souvent plus pollué qu’à l’extérieur. Et ça vaut aussi pour le métro. Un récent rapport de l’Anses se penche sur la qualité de l’air dans les réseaux ferroviaires souterrains de sept villes françaises. Bilan: trois fois plus de particules fines qu’en extérieur.

Sus à la pollution, évitez la voiture, prenez les transports en commun. Sauf qu’en voulant polluer moins, nos poumons trinquent davantage: l’air que l’on respire dans le métro apparaît nettement plus pollué qu’au dehors selon l’Anses.

Saisie en 2019 par la Direction générale de la Santé (DGS), l’Anses s’est penchée sur la qualité de l’air dans sept réseaux ferroviaires souterrains (Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rennes, Rouen et Toulouse). La question n’a rien d’anecdotique, dans les gares, sur les quais, dans les couloirs, les rames, ou même les boutiques, chaque jour, on recense plusieurs millions de personnes; cinq millions de personnes rien que pour les 331 km du réseau francilien qui y passent, en moyenne, 36 minutes.

Cocktail de polluants

Et on trouve un peu de tout dans l’air ambiant du métro. A commencer par les particules fines auxquelles les pouvoirs publics prêtent environ 40.000 décès chaque année en France. “Depuis le début des années 2000, les mesures de la qualité de l’air dans des EFS (enceintes ferroviaires souterraines, ndlr) en France ont mis en évidence des concentrations massiques en particules (PM 10, PM2,5) très supérieures à celles mesurées à l’extérieur en fond urbain (facteur 3 en moyenne), et à proximité du trafic routier”, explique l’avis de l’Anses.

Trois fois plus nombreuses, ces particules fines témoignent aussi d’une composition particulière. L’Anses remarque “une teneur élevée en éléments métalliques dont le fer qui en est un constituant majeur, et en carbone élémentaire et organique”. L’explication ne surprendra personne, “l’usure des matériaux due au freinage des rames et aux contacts entre le matériel roulant et la voie ferrée, et la remise en suspension du fait de la circulation des rames”.

Si le rapport évoque beaucoup les particules fines, c’est loin pourtant d’être l’unique polluant dans ce monde souterrain. Le rapport évoque un véritable cocktail: des hydrocarbures aromatiques “présents à des concentrations parfois supérieures à celles mesurées en fond urbain”, du benzène, du dioxyde d’azote, des champignons, des bactéries, des virus… Sans trop que l’on sache toujours si l’on doit s’inquiéter ou non, faute d’une évaluation approfondie. Car la qualité de l’air intérieur dans les métros apparaît mal renseignée. Y compris pour des polluants tels que l’amiante ou la silice cristalline, pour lesquels l’exposition ne peut être précisément évaluée dixit l’Anses.

Une pollution encore invisible

Il est bien là le problème. L’Anses le reconnaît à plusieurs reprises, elle manque de données sur cette qualité de l’air dans les métros, à la fois pour évaluer les pollutions mais aussi leurs conséquences sur la santé humaine. Des effets sur la fonction cardiaque ou sur les voies respiratoires sont bien évoqués, mais dans l’ensemble, le corpus d’études disponibles à travers la littérature mondiale reste “trop limité” “pour évaluer les risques liés à l’exposition des usagers ou des travailleurs à la pollution de l’air ambiant des enceintes ferroviaires souterraines”.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire préconise donc de renforcer les mesures de qualité de l’air intérieur réalisées. Au sein du métro parisien, seules trois stations seraient ainsi équipées des instruments suffisants pour suivre la qualité de l’air intérieur.

En attendant, même si cette pollution souffre de zones d’ombre, les auteurs du rapport recommandent de “poursuivre les efforts de réduction des concentrations de particules en suspension dans l’air émises au sein des EFS, en visant des niveaux les plus bas possible”. Fin mai, Ile-de-France Mobilités a justement lancé un plan d’action pour améliorer la qualité de l’air dans les stations de métro et RER. Le sujet est d’autant plus sensible qu’une plainte a été déposée par l’association Respire en 2021 à l’encontre de la RATP notamment pour “blessures involontaires”.

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