Pourquoi la rénovation des passoires est devenue la priorité des priorités

Les passoires thermiques sont déjà dans le collimateur, ciblées par un arsenal de mesures. Ça tourne à l’obsession. Un rapport de France Stratégie, organe de stratégie et de réflexion directement rattaché à Matignon, éclaire sur le sujet: c’est là que la rénovation sera la plus efficace, la plus rentable aussi.

Le calendrier ne bougera pas. Sollicité à plusieurs reprises sur le sujet, le ministre du Logement, Olivier Klein, a réaffirmé l’ambition du gouvernement. Pas question de reporter les interdictions de location pour passoires annoncées pour 2023, 2025 et 2028. Le gisement d’économies potentielles est bien trop important sur ces logements qui concentrent les émissions de gaz à effet de serre. “Les 25% des logements les plus émetteurs représenteraient plus de la moitié des émissions du parc résidentiel”, explique France Stratégie.

Plus de 2.000 décès évités

Cette rénovation ne serait pas seulement bonne pour la planète, elle le serait aussi pour le portefeuille des Français avec de sérieuses économies pour notre Sécurité sociale. Car plus le logement est énergivore, plus ses occupants risquent de développer de tomber malade. “Ces gains s’élèvent à
7.500 euros par an et par logement en moyenne pour les logements concernés, et nettement
plus pour les ménages les plus précaires. Dans de nombreux cas, cet enjeu justifie à lui seul
la rénovation du logement”
, selon les auteurs du rapport. Et encore ces 7.500 euros ne sont qu’une moyenne, France Stratégie évoque jusqu’à 33.000 euros d’économies pour les ménages les plus précaires.

France Stratégie avait déjà planché sur le sujet début 2022. Ce think tank public estimait alors que la rénovation de l’ensemble des passoires énergétiques permettrait de faire économiser près de 10 milliards d’euros par an au système de santé. Entre la réduction des coûts de soins, l’amélioration du bien-être et surtout la réduction du risque de mortalité. Reprenant une étude de l’Organisation mondiale de la santé, “30% de la surmortalité hivernale serait ainsi due à l’inefficacité énergétique des logements”. On ne l’imagine pas forcément, mais la rénovation énergétique pourrait ainsi éviter 2.100 décès par an. Et les économies réalisées sur le système de santé pourraient être plus importantes expliquent les auteurs de l’étude qui considère uniquement les effets sur la santé des températures trop basses, pas ceux liés aux épisodes caniculaires.

Concentrer les efforts

Puisqu’on ne pourra pas rénover le parc français d’un seul coup, faute de temps, faute de main d’œuvre suffisante, faute de financements extensibles, il faut donc concentrer les efforts sur les passoires énergétiques, en particulier celles chauffées avec des énergies fossiles.

C’est là que la rénovation sera la plus rentable. “Dès 2025, une rénovation très performante vers B (type BBC rénovation) avec électrification serait socioéconomiquement rentable pour 5,8 millions de logements. Cela concernerait la plupart des logements chauffés au fioul et un peu plus de la moitié des logements F et G chauffés au gaz.”

Dans un second temps, à horizon 2030, “c’est plus de 12 millions de logements de toutes étiquettes qu’il serait socioéconomiquement efficace de rénover vers des niveaux B avec électrification. Ces logements représenteraient la quasi-totalité des logements chauffés au fioul et 90% de ceux chauffés au gaz.”