Et si la rénovation n’était pas aussi vertueuse qu’on veut le croire? Une nouvelle étude outre-Manche montre combien les gains de performance énergétique restent fragiles. Les économies d’énergie fondent comme neige au soleil au bout de quelques années parce que les occupants d’un logement ont tendance à modifier leur comportement.
Pour consommer moins et sauver la planète, il faut rénover. La croyance que cette rénovation est le remède à beaucoup de nos maux est solidement ancrée. Des petits génies de l’université de Cambridge viennent toutefois bousculer cette croyance. Les chercheurs ont épluché les consommations de gaz de 55.000 ménages, cinq avant de rénover, puis cinq après avoir rénové.
Verdict, si l’isolation thermique des murs entraîne une baisse de 7% des consommations de gaz dans l’année qui suit les travaux, ces économies ont tendance à se réduire comme peau de chagrin. Selon les chercheurs britanniques, au bout de quatre ans, ces économies sont devenues carrément futiles. Et c’est pire encore pour l’isolation des combles, puisque la baisse de consommation n’est que de 1,8% au bout d’un an. Autant dire dérisoire.
Effet rebond
L’efficacité des travaux n’est pas la seule explication, le comportement des occupants joue aussi un rôle essentiel. Incurables consommateurs, les habitants suivis par l’étude ont tendance à faire moins attention à leurs consommations une fois la rénovation achevée, et du même coup, à s’offrir davantage de confort. L’étude montre que beaucoup des ménages avaient construit une véranda, une extension qui n’est pas toujours très vertueuse en matière d’économies d’énergies.
Ce n’est pas la première étude qui montre combien les gains énergétiques espérés après des travaux ont tendance à être grignotés par un changement des habitudes. En 2020, nos voisins allemands avaient sorti une autre étude savante. Malgré des milliards et des milliards d’euros engloutis par les politiques publiques outre-Rhin pour doper la rénovation, la consommation énergétique était restée la même: 131 kWh/m² en moyenne chaque année pour un foyer allemand, 130 kWh/m² huit ans plus tard.
La GdW (fédération des bailleurs immobiliers allemands professionnels), auteure de l’étude, pointait aussi du doigt nos habitudes de consommation. C’est humain, on aime avoir chaud, et plutôt que de continuer à se chauffer à 19°C, on monte le thermostat à 22°C, puisque grâce à la rénovation, ça ne coûte pas plus cher. Sur la facture du moins, car en réalité, un petit degré de plus représente 7% d’énergie consommée en plus.
Pour limiter cet effet rebond, pour donner à la rénovation tout son efficience, la pédagogie semble donc indispensable. Car on aura beau ajouter des centimètres d’isolation, installer une pompe à chaleur au rendement toujours plus performant, sans ce volet comportemental, les économies d’énergie et la réduction de l’empreinte carbone risquent de demeurer des vœux pieux.
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