L’État ausculte les consommations d’un million de foyers pour mieux évaluer l’efficacité de la rénovation énergétique

LInky

Merci Linky et Gazpar. Grâce aux compteurs communicants, l’État va pouvoir regarder de près la consommation énergétique d’un million de foyers. Le ministère de la Transition écologique lance ainsi une vaste campagne de collecte des données électricité et gaz. Objectif ? Mesurer l’efficacité réelle de la politique de rénovation énergétique.

Des milliards d’euros engloutis chaque année par MaPrimeRénov’ et consorts, mais un résultat qui reste souvent théorique. Parce qu’il est établi à partir des caractéristiques du bâtiment et de ses équipements. Quel est le gain réel de ces millions de travaux menés au cours des dernières années ? L’efficacité des aides à la rénovation énergétique a souvent été mise en cause. Jusqu’à la Cour des comptes qui, en 2022, demandait à l’État de veiller à l’efficacité des crédits alloués au grand chantier de rénovation énergétique.

Un arrêté publié en février ouvrait la voie à la collecte de données. On passe de la théorie à la pratique. À peine un mois plus tard, le ministère de la Transition écologique lance une vaste campagne de collecte de données aux quatre coins de la France.

Plus d’un million de foyers -1,090 million dont 950.000 résidences principales- ont ainsi été sélectionnés parmi 3.000 communes du territoire et dix millions de logements au total. Mode de chauffage, habitat, type d’énergie, l’échantillon se doit d’être le plus représentatif possible. Les premiers courriers sont arrivés dans les boites aux lettres début avril pour prévenir les ménages et autoriser le service des statistiques du Ministère à se servir de leurs données de consommation énergétique. Pas d’inquiétude, l’État précise bien que les données seront anonymisées et utilisées uniquement à des fins statistiques. Toutefois, les foyers disposent d’un délai de 30 jours pour s’opposer au traitement de leurs données.

Rénovation énergétique, une promesse pas toujours tenue

Le service statistiques du ministère va ensuite éplucher cette précieuse donnée, pour observer les consommations d’énergie avant et après les rénovations et comparer l’évolution de la consommation des logements rénovés à celle de logements non rénovés. Les pouvoirs publics souhaitent ainsi mesurer l’efficacité réelle des travaux financés par les différents dispositifs, MaPrimeRénov’ et CEE (certificat d’économies d’énergie) en tête.

On l’a dit, jusqu’à présent, ces économies demeuraient le fruit de savantissimes calculs. Dans une récente publication, l’Onre (Observatoire national de la rénovation énergétique) estimait par exemple les économies d’énergie conventionnelles associées aux rénovations aidées à 7,7 TWh/an, contre 4,8 TWh/an en 2016… Pure théorie, mais dans la vraie vie?

Le ministère le reconnaît sur la page expliquant cette enquête: “Aujourd’hui les économies réelles d’énergie obtenues suite à une rénovation sont très mal connues. Or elles peuvent sensiblement s’écarter des économies d’énergie estimées de manière théorique ou « conventionnelle ».” Parce que la qualité des travaux laisse à désirer, parce que les occupants ont aussi tendance à modifier leur comportement dans un bâtiment rénové.

En Allemagne ou au Royaume-Uni, pour ne citer que ces deux exemples, des études ont ainsi montré que les économies d’énergie à l’issue de travaux restaient parfois loin des attentes. On appelle ça “l’effet rebond”. Dans un logement moins cher et plus facile à chauffer, les occupants modifient leurs habitudes de consommation. Par exemple, en poussant le thermostat à 22°C, au lieu de 19°C puisqu’au final la facture n’est pas plus élevée.

L’étude dont les résultats sont attendus courant 2024 et publiés sur le site de l’Onre, dira donc si en France aussi, on n’a pas tendance à modifier notre comportement dans une maison rénovée. Et si la rénovation énergétique apporte réellement les gains escomptés.

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