“Quelques dossiers en difficulté” ne vont pas remettre en cause le succès de MaPrimeRénov’

MaPrimeRénov’, la fameuse prime de transition énergétique régulièrement vantée par le gouvernement, collectionnerait les bugs. Oui, des dysfonctionnements ont pu exister, reconnaît Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement, mais ceux-ci restent marginaux, et d’ailleurs, ils ont quasiment tous disparu.

MaPrimeRénov’ est sans doute victime de son succès. Même si le gain énergétique des travaux engagés peu parfois (souvent?) laisser à désirer, la prime a amplifié le mouvement de rénovation qui avait tendance à patiner jusqu’à présent. Problème, avec quatre fois plus d’aides distribuées en 2021, la plateforme n’arriverait plus à faire face à un tel afflux, et connaîtrait des dysfonctionnements permanents.

Entre retards de paiements, bugs informatiques, rigidité administrative, lourdeur du dispositif, mois après mois, les témoignages abondent. Un groupe Facebook a d’ailleurs vu le jour, « MaPrimeRénov’ : le parcours d’un combattant ! ». 16.500 membres en novembre, on en compte un millier supplémentaire deux mois plus tard. On y parle de paiements qui tardent à arriver, de documents impossibles à télécharger, de devis ou des factures qui sont pas dans les clous…

“Cela reste moins de 1% des dossiers”

Rien de surprenant donc à ce que la question ne revienne sur le tapis, à l’Assemblée nationale. Auditionnée le 15 février sur le bilan du quinquennat au rayon logement, Emmanuelle Wargon a aussi été interpelée sur les loupés de MaPrimeRénov’. La ministre souhaite nuancer. Des difficultés existent bel et bien, mais “elles restent marginales par rapport au volume”, si on les rapporte aux “660.000 dossiers engagés et 350.000 payés” en 2021. “Oui, il y a bien des dossiers en difficultés, mais nous les avons identifiés, et nous les avons traités”, assure-t-elle.

Le gouvernement a fait les comptes, 3.500 dossiers épineux à l’automne, deux tiers en paiement et un tiers en engagement, 500 restaient en souffrance à la mi-janvier, mais ceux-ci ont également été réglés grâce à un “plan d’action dédié”. Surtout, l’Anah (Agence nationale de l’habitat) chargée de distribuer la prime, a tiré les enseignements de ces errements pour éviter que les dossiers en souffrance ne s’accumulent à nouveau et ne traînent en longueur alors que l’Agence annonce payer sous quinze jours. “Nous avons maintenant une procédure qui permet d’identifier et de traiter ces dossiers lorsqu’ils arrivent, cela reste moins de 1% des dossiers”, explique la ministre.

“Quelques dossiers en difficultés” ne doivent donc pas entacher le dispositif et laisser croire que MaPrimeRénov’ ne marche pas. Emmanuelle Wargon brandit “des taux de satisfaction très élevés”, un argument déjà évoqué en janvier au Sénat, par sa collègue Bérangère Abba, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique. Interpellée elle-aussi sur les dysfonctionnements de MaPrimeRénov’ elle évoquait un “succès incontestable” qui “ne saurait être éclipsé par les quelques dossiers en souffrance”. “89% des bénéficiaires” seraient satisfaits du dispositif et 77% se féliciteraient de la facilité des démarches en ligne.

On parle toutefois de “bénéficiaires”, autrement dit des personnes qui ont eu recours à MaPrimeRénov’ qui ont obtenu une subvention. Toutes les sondages ne disent pas la même chose, d’autres ont aussi montré combien les aides à la rénovation énergétique demeuraient obscures du grand public. Y compris, MaPrimeRénov’. Selon une enquête d’OpinionWay menée à l’automne 2021, la prime restait connue d’à peine une personne sur dix alors que la rénovation énergétique concerne, à court ou moyen terme, la grande majorité des ménages.