Lever le frein financier à la rénovation : les pistes du gouvernement

La rénovation ? Les Français la désirent souvent, mais pas à n’importe quel prix. Pour une rénovation massive et de qualité, le frein financier doit donc être levé. En attendant le Conseil de planification écologique, repoussé à deux reprises (5 et 17 juillet), les récentes annonces du gouvernement éclairent un peu sur les moyens supplémentaires dédiés à la rénovation des bâtiments.

L’épargne des Français mobilisé

Estimé à 3.200 milliards d’euros, l’épargne des ménages français représente un joli bas de laine. Et pourquoi ne pas y consacrer une petite partie à la rénovation des bâtiments? Le gouvernement veut « soutenir la rénovation énergétique par l’épargne des compatriotes ». Expliquait le 13 juillet, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie sur le plateau de TF1. Le PEL (Plan épargne logement) pourra être débloqué, dès 2024. De manière anticipée et sans perte fiscale, mais sous la condition de réaliser des travaux de rénovation énergétique.

« Aujourd’hui, vous ne pouvez pas le débloquer avant quatre ans quand vous voulez acheter un logement. Là, vous pourrez le débloquer quand vous voulez lorsque vous voulez faire de la rénovation énergétique », expliquait Bruno Le Maire. A priori, selon les informations de Bercy, tous les PEL seraient concernés. Même ceux ouverts avant 2011, et le déblocage de fonds pour la rénovation n’entraînerait pas la clôture du PEL. Les modalités devraient être connues dans les prochaines semaines avec le Projet de loi de finances 2024.

Douze millions de Français détiennent aujourd’hui un PEL pour un encours total d’environ 300 milliards d’euros. De quoi mettre un peu d’huile dans les rouages de la rénovation.

MaPrimeRénov’ dopée

L’annonce a été faite par la Première ministre le 12 juillet. Et dans la foulée, Bercy a confirmé la « priorité » donnée à la planification écologique. Sept milliards d’euros en plus pour la transition écologique dans le prochain PLF 2024.

Tout n’ira pas à la rénovation des bâtiments, mais MaPrimeRénov’ devrait en bénéficier largement avec un budget revalorisé de 66%. Quatre milliards d’euros au total, 1,6 milliard en plus. Soit une hausse « sans précédent », selon Élisabeth Borne lors d’un Conseil national de la Transition écologique mi-juillet.  

Là encore, il faudra attendre le PLF 2024 pour connaître les détails de cette augmentation. Mais logiquement, cette revalorisation de MaPrimeRénov’ doit soutenir la politique gouvernementale annoncée en juin. Davantage de rénovations performantes, une aide accrue pour les ménages les plus modestes avec un reste à charge réduit à peau de chagrin, un dispositif MonAccompagnateurRénov’ étoffé, avec également une prise en charge pour les foyers plus modestes… Grâce à cet accompagnement renforcé, le gouvernement espère ainsi atteindre l’objectif de 200.000 rénovations globales annuelles dès 2024.

Prêt avance mutation et éco-PTZ pour le reste à charge

Une fois les aides déduites, le reste à charge se révèle souvent rédhibitoire. Y compris pour les ménages modestes où il pèse encore plus de la moitié des travaux. Le gouvernement compte aussi sur deux dispositifs existants : l’éco-PTZ et le prêt avance mutation (ou prêt avance rénovation). Le premier, vieux d’une quinzaine d’années, semble enfin décoller avec 82.000 prêts délivrés en 2022. Sa simplification, son couplage avec MaPrimeRénov’ devraient encore favoriser sa promotion.

Autre dispositif imaginé pour lever cet écueil du reste à charge, le prêt avance rénovation. Manque de communication, faible mobilisation des banques. Ce prêt hypothécaire existant depuis 2015, relancé en 2022, peine à trouver son public. « Seulement 130 prêts » délivrés en 2023 selon un récent rapport parlementaire.

Ce prêt hypothécaire garanti par l’État, remboursable au moment de la vente ou de la succession du logement rénové, reste cependant dans les petits papiers du gouvernement. Lors du CNR Logement, début juin, le gouvernement avait annoncé sa simplification et son élargissement. Initialement dévolu aux ménages les plus modestes, le dispositif devrait être ouvert à tous, sans conditions de ressources. Une proposition de loi de la majorité a été annoncée pour porter cette évolution.