Plus vite encore plus vite. Dans son interview au long cours livrée au YouTubeur Hugo Travers (HugoDécrypte), lundi soir, Emmanuel Macron évoque la feuille de route face à l’urgence climatique. Et annonce une nouvelle accélération pour la rénovation thermique des bâtiments. Avec davantage d’aides, des contraintes aussi.
Emmanuel Macron l’avait promis, l’agenda de la rentrée serait guidé par la planification écologique. Chose promise, chose dite. Face à l’urgence climatique, « on doit donner le coup d’accélérateur sur la rénovation thermique des bâtiments ». « On a fait un million de rénovations. Et donc là, dans la planification, on va lancer de nouveaux instruments. Et aider à accélérer et intensifier cet effort sur la rénovation thermique. Ça veut dire encourager tous ceux qui peuvent à faire des travaux. »
Pas vraiment une surprise. Début juin, le gouvernement avait déjà livré son ambition en matière de rénovation énergétique avec 200.000 rénovations globales dès 2024. Trois fois plus qu’aujourd’hui. Terriblement ambitieux, et ce n’est rien pourtant à côté de la trajectoire dessinée par le SGPE (Secrétariat général à la planification écologique) qui vise 900.000 rénovations annuelles en 2030.
Dévoilés au cours de l’été, les travaux du SGPE qui fixent la nouvelle feuille de route gouvernementale devraient d’ailleurs être présentés « par la Première ministre aux forces politiques dans quelques jours », avant d’être « déployés ». Pour tenir les engagements à horizon 2030, il faudra donc redoubler d’efforts.
“Simplifier” et “accroître” les aides
Comment Emmanuel Macron compte-t-il parvenir à un tel volume de rénovations, en si peu de temps ? Le Président de la République fournit quelques éléments. Il veut d’abord « simplifier » et « accroître » les aides à la rénovation puisque le financier demeure le premier frein. Là encore, le gouvernement a déjà annoncé le déploiement à grande échelle de MonaccompagnateurRénov’ pour guider plus efficacement les ménages vers la rénovation. Le projet de loi de finances 2024 laisse aussi entrevoir une augmentation sans précédent de MaPrimeRénov’. L’aide vedette désormais bien identifiée des Français devrait ainsi voir son budget passer à quatre milliards d’euros, 1,6 milliard de plus qu’en 2023.
Autre chantier déjà amorcé, le développement des pompes à chaleur déjà largement promue par les aides publiques. Si le chef de l’État ne dit rien dit sur l’avenir des chaudière au gaz aujourd’hui présentes dans 11 millions de foyers, en revanche, il loue les vertus de la pompe à chaleur et appelle à son déploiement massif. « On veut développer un système et une filière française de pompes à chaleur, déployer leur mise en œuvre parce ce que ça permet justement de réduire les consommations et les émissions de CO2. »
Plus d’outils, plus d’aides, mais aussi plus de « contraintes ».
Dans le collimateur, « certains propriétaires qui ont des logements qui ne sont plus du tout en état où il y a énormément de gaspillage énergétique parce que ce n’est ni écologique ni juste que les gens qui y vivent dépensent beaucoup. » Bien sûr, il existe déjà la loi Climat et résilience et son cortège d’interdictions pour les passoires énergétiques. Mais jusqu’à présent, seuls les propriétaires bailleurs sont concernés. Emmanuel Macron va plus loin, il suggère de réaliser des travaux « au moment où ils (les propriétaires) vendent (leur logement) ou changent de locataire ».
Le chef de l’État n’en dit pas davantage. Mais on pense à la future directive européenne attendue pour la fin d’année et qui entend contraindre aussi les propriétaires occupants -et plus seulement les bailleurs- à rénover leur logement. Dans sa dernière version, les logements classés F et G devront au minimum avoir une note E d’ici 2030, D en 2033. Un propriétaire pourra vendre son bien malgré tout. Mais il subira alors une décote correspondant au montant des travaux nécessaires à la rénovation énergétique du bien. Emmanuel Macron l’a dit, « personne ne sera exempt de la transition. »
1 Rétrolien / Ping