Comment interpréter les dernières modifications apportées à la méthode de calcul? Le ministère de la Transition écologique diffuse une notice de 12 pages éclairant sur les principales évolutions. Modalités de calcul, justification des données d’entrée, calendrier, résumé point par point.
Déperditions de l’enveloppe
L’une des principales critiques adressées à la méthode en service depuis le 1er juillet 2021. Dans l’ancien, faute de justificatifs pour identifier une isolation, la valeur par défaut du coefficient U se révélait extrêmement pénalisante. L’arrêté du 8 octobre offre désormais la possibilité de “moduler” cette valeur.
Extrait de la notice: “Il est désormais prévu de saisir une isolation dès lors que les diagnostiqueurs réalisent une observation directe ou indirecte (…), mais également, en l’absence d’isolation avérée, de prendre en compte les effets thermiques de la présence d’un doublage. Un mur est considéré doublé lorsqu’une cloison ou contre-cloison est ajoutée au mur initial. Cette pratique a pour conséquence d’augmenter l’épaisseur du mur, mais également d’améliorer sa performance. La présence d’un doublage apporte une résistance thermique supplémentaire dont la valeur dépend du fait que le doublage rapporté soit de nature déterminée (matériau de doublage connu – plâtre, brique, bois) ou indéterminée, avec une lame d’air de plus ou moins de 15 mm.“
Déperditions par renouvellement d’air
Autre point critique corrigé, les déperditions par renouvellement d’air, en particulier quand on parle de ventilation naturelle par ouverture des fenêtres. Avec la nouvelle méthode, le coefficient avait plus que doublé passant à 2,6 m3/(h.m²), petit rétropédalage, il revient à la valeur précédente à 1,2 m3/(h.m²) “plus proche des comportements réels des usagers“.
Perméabilité du bâtiment
Les nouvelles valeurs introduites pour la perméabilité du bâtiment au 1er juillet 2021 se révélaient très pénalisantes. Avec la méthode modifiée, il est désormais possible d’améliorer cette valeur de perméabilité à l’air selon trois critères: l’année de construction, l’isolation de plus de 50% de la surface totale des murs et/ou des plafonds et la présence de joints sur plus de 50% de la surface totale des menuiseries.
Distribution ECS
La méthode de calcul en vigueur a intégré les consommations liées au fonctionnement des auxiliaires de ventilation, de production d’eau chaude sanitaire et de chauffage, jusqu’alors non évaluées dans le cadre de la méthode de calcul conventionnel. Depuis le 1er juillet, dans le cas d’un réseau de distribution bouclé, la consommation des auxiliaires de
distribution d’eau chaude sanitaire, était surestimée. L’arrêté du 8 octobre corrige les formules de calcul afin de diminuer “significativement” les consommations électriques des logements alimentés par des systèmes d’eau chaude sanitaire collectifs.
Évaluation des coûts annuels de l’énergie
Le nouveau DPE entré en vigueur cet été retenait une nouvelle méthodologie pour évaluer les coûts de l’énergie. Une méthode complexe, qui en pratique a abouti parfois à des surestimations des coûts énergétiques par rapport aux tarifs pratiqués par les distributeurs d’électricité ou de gaz. Le ministère a revu sa copie “afin d’être plus proche de la situation réelle, tout en garantissant l’absence d’effet de seuil“. Précision apportées par la notice, “cette modification ne touche qu’à l’évaluation des coûts énergétiques correspondant à la consommation conventionnelle du DPE sans modifier l’évaluation de cette dernière“.
Confort d’été
Le confort d’été avec son indicateur était une nouveauté du DPE version 2021. En pratique, le confort d’été se trouvait pénalisé “dès lors qu’une unique baie, quelle que soit sa taille, ne possédait pas de protection solaire“. La méthode est donc corrigée, les baies orientées au sud, à l’est et à l’ouest ne seront plus concernées par le critère de protection solaire. Deux conditions toutefois, ces baies doivent avoir une surface inférieure à 0,7 m² et représentaient moins de 10 % de la surface totale de baie.
Petite précision apportée par la notice, l’exception ne porte pas sur les fenêtres de toit, “dont l’impact sur le confort d’été d’un logement est significatif, et ce quelle que soit leur taille”.
Possibilité d’observation indirecte
La notion a notamment été introduite pour qualifier l’isolation dans l’ancien. L’opérateur peut désormais renseigner une donnée à partir d’une “observation indirecte“. Euh, c’est quoi une observation indirecte? Explications du ministère: “Ce qualificatif s’applique dans un certain nombre de cas de figure où des mesures ou observations non directes permettent au diagnostiqueur de s’assurer de la présence d’un élément ou de sa qualité. Ce type de justificatif s’applique aux données liées aux parois et à leur composition (isolation, doublage, etc.), mais pourra également être utilisé pour la récupération d’informations sur l’ancienneté d’une installation de chauffage, de production d’eau chaude sanitaire, etc. Ce qualificatif permet au diagnostiqueur de valoriser son expertise technique, via la réalisation de tests, mesures ou recherches attestant indirectement une donnée (mesures de température, d’épaisseur de mur, etc.)“. Le guide du Cerema sorti en juin devrait à nouveau être mis à jour afin de préciser la notion.
Utilisation d’un ancien DPE neuf
Simple ajout à la liste des justificatifs, la méthode corrigée permet d’utiliser les données d’un ancien DPE neuf, issues de l’étude thermique réglementaire. “Cette possibilité permettra d’éviter l’utilisation de valeurs par défaut dans le cas où aucun autre justificatif que l’ancien DPE neuf ne serait disponible.“
Calendrier
La notice du ministère précise enfin le calendrier. La nouvelle méthode est entrée en vigueur dès le 15 octobre, mais une tolérance est accordée jusque la fin de mois. En revanche, à compter du 1er novembre, les opérateurs sont obligés d’utiliser la méthode mise à jour. Ils peuvent également rééditer les DPE réalisés depuis le 1er juillet 2021. “Ces DPE pourront le cas échéant reprendre les données utilisées lors de la première édition du diagnostic afin d’en ajuster les résultats selon la nouvelle méthodologie corrigée.“
Autre échéance, la date limite de validation des logiciels. Déjà repoussée en juin, elle bénéficie d’un nouveau report au 31 mars 2022. Le ministère évoque “un délai supplémentaire compte tenu des développements rendus nécessaires par les modifications apportées sur la méthode et de l’adaptation des autotests et cas-tests d’évaluation afférente“.
Consulter la notice sur le site de la Chambre des diagnostiqueurs de la Fnaim
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