Dans leur dernier bilan dévoilé mi-décembre, les Notaires de France remarquent à leur tour une accélération des ventes de passoires énergétiques depuis 2021. Comme si leurs propriétaires se délestaient d’un poids avant que ne tombe le couperet des interdictions. Beaucoup se plaisent à le croire, mais la réalité semble plus nuancée.
Les Notaires de France ne sont pas les premiers à observer cette tendance. Depuis la loi Climat et résilience et son cortège de contraintes pour les passoires, les professionnels de l’immobilier signalent davantage de ventes sur les logements les plus mal classés. À titre d’exemple, SeLoger et MeilleursAgents ont déjà communiqué sur l’inflation des petites annonces de logements F et G sur leurs sites. À l’automne 2021, SeLoger parlant même de “boom “: +70% de passoires en vente à Nantes, +72% à Paris, +42% à Lille…
Les Notaires confirment la tendance. Les logements énergivores représentent 17% des transactions, mais “ils ont vu leur part augmenter significativement entre le 3e trimestre 2021 et le 1er semestre 2022″. Et c’est plus flagrant encore pour les pires logements du parc, étiquetés G, qui ont vu leur poids passer de 3% au 3e trimestre 2021 à 7% six mois plus tard.
Le Conseil supérieur du notariat (CSN) avance une explication: “l’interdiction à la location, dès 2023, d’une partie des logements de classe G (…) annoncée en 2021, a pu accélérer la décision de vendre chez les détenteurs de ce type de logement”. Les pires passoires énergétiques, celles avec une consommation en énergie finale supérieure à 450 kWh/m²/an, seront en effet interdites à la relocation dès janvier. Les autres logements en G seront concernées en 2025. Plutôt que de se voir contraints à rénover, leurs propriétaires préfèrent se séparer dès à présent de leurs biens. L’explication est tentante, mais peut-être pas tout à fait juste.
Effet nouveau DPE
Car la raison est aussi purement technique. On le sait, le nouveau DPE entré en vigueur en juillet 2021 a modifié la répartition des classes énergétiques, entraînant une inflation mécanique des étiquettes F et G. Les professionnels immobiliers qui se retrouvaient subitement avec beaucoup plus de passoires qu’auparavant s’en étaient d’ailleurs inquiétés dès l’automne 2021.
Les Notaires de France en conviennent, “les récentes modifications des règles de calcul du DPE, entraînant une redistribution des logements au sein de l’échelle des performances énergétiques, rendent difficile l’interprétation des évolutions intervenues entre 2021 et 2022 sur la répartition des transactions selon l’étiquette énergie.”
Le ministère de la Transition écologique a d’ailleurs revu sa copie en 2022, puisqu’il estime que le parc français compte 5,2 millions de logements énergivores, 400.000 de plus qu’il ne l’évoquait encore quelques mois auparavant. Les passoires F et G pèsent désormais 17% du parc: comme la part des passoires mises en vente en 2022. En somme, l’inflation des ventes de passoires énergétiques serait peut-être mécanique, liée au nouveau mode de calcul du DPE plutôt qu’à un changement de comportement des propriétaires.
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