Emmanuelle Wargon ne fait plus partie du gouvernement, et semble avoir retrouvé une liberté de parole. Entendue en début de semaine par les sénateurs qui planchent sur l’efficacité des politiques publiques de la rénovation énergétique, l’ex-ministre du Logement (2020-2022) estime que le sacro-saint calendrier de la rénovation énergétique peut effectivement se “desserrer”.
Sujet sensible. Face aux professionnels de l’immobilier qui jugent souvent le calendrier de la rénovation énergétique intenable (et ne se privent pas pour le répéter), le gouvernement ne cède pas un pouce de terrain. Pas question de toucher aux échéances de 2025 et 2028, ce calendrier est bon pour la planète, il est meilleur encore pour ceux qui habitent une passoire énergétique. Même devant le risque d’une crise du logement, le gouvernement n’évoque aucun report, aucun décalage. Peut-être quelques concessions viendront-elles, notamment pour les copropriétés, mais les contours restent encore à préciser.
“Il est déjà arrivé au parlement ou au gouvernement de décaler des dates d’application quand le signal est donné, mais que les dates d’application n’apparaissent pas possibles. C’est quelque chose que l’on pourrait, le cas échéant, desserrer un peu.”
Emmanuelle Wargon, ex-ministre chargée du Logement (2020-2022), fait entendre un autre son de cloche: il est possible de modifier le calendrier. Entendue au Sénat dans le cadre de la commission d’enquête sur les politiques publiques de la rénovation énergétique, l’ex-ministre aujourd’hui à la tête de la Commission de régulation de l’énergie, estime en effet que le contexte a beaucoup évolué depuis la publication de la loi Climat et résilience en août 2021. “On était avant la guerre en Ukraine à un moment où le prix des matériaux n’avaient pas explosé.”
Le DPE, encore un sujet aujourd’hui
“Il est déjà arrivé au parlement ou au gouvernement de décaler des dates d’application quand le signal est donné, mais que les dates d’application n’apparaissent pas possibles. C’est quelque chose que l’on pourrait, le cas échéant, desserrer un peu.” Ce “signal”? Justement, l’ex-ministre estime qu’il a déjà été envoyé par la loi Climat et résilience et qu’il a été bien reçu. “Le signal est dans le marché.” En témoigne selon elle, l’inflation des ventes de passoires énergétiques, signe que le marché a bel et bien intégré la nécessité d’une rénovation thermique.
“Cela a été un très gros sujet de fiabiliser le DPE, et c’est probablement encore un sujet aujourd’hui. (…) De ce que je comprends, la fiabilisation n’est pas encore parfaite. Clairement, il faut continuer sur ce chemin.”
Pour autant, l’ex-ministre émet quelques doutes sur les outils indispensables à cette rénovation énergétique. Ce DPE, pourtant remodelé sous son ministère, reste dans le collimateur. “Cela a été un très gros sujet de fiabiliser le DPE, et c’est probablement encore un sujet aujourd’hui. (…) De ce que je comprends, la fiabilisation n’est pas encore parfaite. Clairement, il faut continuer sur ce chemin, ce qui nous amène à la compétence du diagnostiqueur et à la compétence des entreprises qui font les travaux.” L’ex-ministre y voit “un des enjeux les plus importants pour mener à bien cette politique (de rénovation)”.
Où coince encore le DPE? “Je ne sais pas si c’est encore la méthode qui est problématique ou la capacité de la filière à former suffisamment de personnes”, poursuit Emmanuelle Wargon. “Je ne sais pas pourquoi nous avons autant de mal à traiter le DPE. C’est une question que nous devons traiter le plus vite possible, avec les professionnels.”
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