C’est ce qui ressort d’une étude conduite par Santé publique France et dévoilée en novembre. On en parle un peu plus qu’avant, mais les Français méconnaissent encore très largement le radon, ce gaz radioactif naturel qui, venu du sous-sol, s’infiltre dans les bâtiments. Chaque année, il serait la cause de 3.000 décès par cancer du poumon. Sans faire de bruit.
Le mal invisible par excellence. Sorti des entrailles de la terre, inodore, incolore, il s’infiltre dans les bâtiments par les fissures, les ouvertures, par les tuyaux… Tous les interstices. À concentration élevée -en particulier à la saison froide comme en ce moment-, le radon se révèle un véritable poison pour la santé des occupants. A faible concentration aussi, puisque les études ont montré qu’une exposition sur 10 ou 20 ans pouvaient des effets néfastes.
Un cancer du poumon sur dix serait lié au gaz radioactif, avec un bilan annuel aussi lourd que les victimes de la route. Pourtant, le radon reste largement méconnu. Même s’il fait l’objet d’un Plan national d’action radon (PNAR) qui a placé la sensibilisation et l’information du grand public en top priorité.
Deux Français sur trois n’ont jamais entendu parler du radon
Santé publique France a ainsi mené une enquête sur la perception des risques environnementaux par les Français. Sols pollués, plantes invasives, métaux lourds, pesticides, etc. Parmi les neuf thématiques sélectionnées, le radon figure bon dernier : 20% à peine des personnes se déclaraient correctement informées quand, à l’inverse, deux Français sur trois disent « ne jamais avoir entendu parler du radon ». Savoir que le radon existe ne veut pas dire que l’on soit correctement informé. Parmi les personnes ayant connaissance, la perception du risque se révèle aussi très faible. En clair, on n’a pas conscience des méfaits du gaz sur la santé.
Le degré d’information varie toutefois selon les régions. Les territoires les plus exposés, souvent les zones de montagne, apparaissent un peu mieux sensibilisés. Record pour la Bretagne, où plus de la moitié des personnes (56,4%) ont déjà entendu parler de radon. A l’inverse, dans les Hauts-de-France (où l’ex-Bassin minier apparaît tout de même avec un potentiel radon jugé « moyen »), seul un habitant sur cinq sait de quoi il s’agit.
Malgré de nombreuses initiatives menées souvent au niveau local, malgré l’introduction du risque radon dans l’état des risques et pollutions (ERP) remis au locataire ou à l’acquéreur, l’information reste encore insuffisante. Loin de s’améliorer, cette méconnaissance se renforce. En se basant sur le précédent baromètre réalisé en 2007, Santé publique France remarque « une diminution du niveau d’information des populations sur le sujet au cours des quinze dernières années ».
12 millions de personnes en première ligne
Tout le monde n’est cependant pas logé à la même enseigne. La carte du radon en France a été profondément remaniée en 2018. Alors que les zones à risques étaient cantonnées jusqu’à présent à 31 départements (Bretagne, Massif central, Vosges, Pyrénées…), le risque a été étendu à des communes jusque là épargnées. Au total, on estime que plus de 12 millions de personnes habitent en « Zone 3 » dite « à potentiel significatif » à travers 72 départements en métropole et en outre-mer.
Dans le logement, aucune mesure périodique n’est exigée par la réglementation. Mais celle-ci est cependant recommandée par le ministère de la Santé. Rien de plus simple, il suffit de laisser un dosimètre dans une pièce de vie, durant deux mois à la saison de chauffe. Mais encore faut-il savoir que le radon existe…
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