Les bonnes vieilles cheminées d’antan sont en sursis. À Lyon et 166 autres communes du Rhône, de l’Isère et de l’Ain, se chauffer avec une cheminée à foyer ouvert est désormais interdit depuis le 1er avril. Pour le moment, on ne parle que de Lyon. Pour le moment… Car la mesure risque très vraisemblablement de faire des émules.
Loué comme énergie renouvelable, mais proscrit parce qu’il peut aussi être source de pollution redoutable pour l’homme. Exit donc, les équipements au bois les plus polluants. Les belles cheminées à foyer ouvert de nos parents et grands-parents, affichent un rendement ridicule, de l’ordre de 15%, pour une pollution maximale. Pour se faire une petite idée, une bonne flambée en foyer ouvert durant deux heures émet autant de particules fines que 2.000 km parcourus avec un vieux diesel, selon le ministère de la Transition écologique.
Rien d’étonnant à ce que les restrictions ne se mettent à pleuvoir sur les cheminées à foyer ouvert. Depuis 2022, elles sont interdites dans la construction neuve. Interdites aussi dans la vallée de l’Arve sur décision du préfet de Haute-Savoie. En Ile-de-France, on y a songé également dès les années 2014-2015, mais l’arrêté a été annulé avant même d’entrer en vigueur. Trop tôt, sans doute. Néanmoins, il reste interdit d’utiliser un foyer ouvert comme chauffage principal. Sous-entendu, comme appoint ou comme cheminée d’agrément, oui, ça reste possible. Mais pour combien de temps?
Car la cheminée à foyer ouvert semble décidément en sursis. En 2021, le gouvernement a demandé aux préfets des territoires couverts par un plan de protection de l’atmosphère, de présenter une copie pour améliorer la performance énergétique du parc d’appareils de chauffage au bois, et réduire de 50% des émissions de particules fines PM2.5 issues de la combustion du bois à l’horizon 2030. Le délai est court, cela passe forcément par des mesures draconiennes. Conséquence directe, depuis le 1er avril, interdiction aussi d’utiliser une cheminée à foyer ouvert dans 167 communes du Rhône, de l’Isère et de l’Ain et obligation pour tous les nouveaux équipements d’être labellisés « Flamme verte ».
Particules fines de moins en moins invisibles
Lyon n’est donc pas la première métropole à prendre une telle mesure, elle n’est sans doute pas la dernière. Les grandes métropoles sont de plus en plus confrontées à des pics de pollution aux particules fines, ces particules avec un diamètre inférieures à 2,5 micromètres (un millionième de mètre) qui pénètrent au cœur de l’appareil respiratoire. Santé Publique France leur attribue plus de 40.000 décès prématurés par an en France, 240.000 en Europe.
A Lyon, c’est d’ailleurs l’une des motivations avancées par le préfet. Le secteur résidentiel-tertiaire est, de loin, le secteur qui émet le plus de particules fines : 64% des émissions contre 18% pour les transports et 14% pour l’industrie. « Sur le territoire de la Métropole de Lyon, le chauffage au bois représente à peine 10% des logements. Toutefois, les fumées générées représentent à elles seules environ 50% des émissions annuelles totales de PM2,5 et près de 20 % des émissions de COV », explique la préfecture du Rhône.
Même si depuis 20 ans, les émissions de particules fines ont diminué de moitié, elles restent néfastes. D’autant que le changement climatique contribue à leur concentration. En témoignent les pics de pollution à répétition au cours d’un hiver 2022-2023 particulièrement clément. Sur fond de crise énergétique et de hausse des tarifs gaz et électricité, on se chauffe davantage au bois et ce n’est pas forcément meilleur pour la planète.
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