Nouveau DPE, le remake. Les semaines passent, et les améliorations apportées au diagnostic de performance énergétiques en novembre ne semblent pas apaiser les esprits. Pour le ministère, tout est rentré dans l’ordre. Mais avec la rentrée, des voix s’élèvent à nouveau pour pointer les risques que ce nouveau DPE, et l’inflation de passoires énergétiques font peser sur le marché immobilier.
Oui, les bugs du nouveau DPE ont été corrigés, mais on compte toujours trop de passoires énergétiques. Selon une étude de la Fnaim dévoilée mercredi, à l’occasion de la conférence de rentrée, les catégories E, F et G, concernées par l’interdiction de location échelonnée de 2025 à 2034, pèseraient pour pratiquement un tiers des petites annonces publiées depuis le 1er juillet. Le DPE nouvelle formule n’est pas le seul responsable, l’afflux de mauvaises étiquettes dans les petites annonces s’expliquerait aussi par l’empressement de propriétaires à se séparer de leurs passoires énergétiques avant que le couperet ne tombe.
“Ce n’est pas 4,8 millions de passoires énergétiques que nous allons avoir, mais vraisemblablement 7 à 8 millions.”
Jean-Marc Torrollion, président de la Fnaim.
“Sur les annonces, nous constatons que les DPE F et G sont en réelle augmentation, ainsi que les E”, expliquait mercredi Jean-Marc Torrollion, le patron de la Fnaim. “Ce n’est pas 4,8 millions de passoires énergétiques (l’estimation annoncée par le ministère avant la réforme du DPE, ndlr) que nous allons avoir, mais vraisemblablement 7 à 8 millions.” Le discours n’est pas nouveau, les associations telles que négaWatt ont depuis longtemps dénoncé les chiffres des pouvoirs publics éloignés de la réalité.
Trop de passoires énergétiques? Voilà qui risque de compromettre les objectifs de rénovation énergétique. Pour Jean-Marc Torrollion, il est clair que “les conséquences politiques et économiques de ce qui a été voté dans le cadre de la loi Climat et résilience” n’ont pas été mesurées. “Ce diagnostic de performance énergétique qui va avoir un rôle essentiel dans la valeur des biens que les Français détiennent, doit être absolument fiabilisé. Et la profession qui va avec doit absolument avoir conscience de la nécessité d’une professionnalisation et d’une fiabilité à toute épreuve.”
“Une crise du logement à gérer dans le prochain quinquennat.”
Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH.
Parmi les propositions adressées au monde politique, le patron de la Fnaim suggère notamment une “cartographie de l’indécence énergétique”. Histoire que les élus locaux prennent conscience des enjeux liés à la rénovation, sur leur territoire. “Quand dans certaines villes, vous avez 50% à 60% du parc en location à usage d’habitation, il faut se poser la question de cette indécence. Cette cartographie va permettre aux élus d’avoir une vision de la réalité de leur parc.” Et aussi d’anticiper les problèmes d’offre et de disponibilité qui ne manqueront pas de surgir avec les interdictions de location.
Des propos qui font écho, à quelques jours d’intervalle, à ceux d’Emmanuelle Cosse. La présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH), elle-aussi en conférence de rentrée en début de semaine, annonce rien moins qu’une “crise du logement à gérer dans le prochain quinquennat”. Les autorisations de créer de logements ne sont pas suffisantes chez les bailleurs sociaux, et l’obligation de rénovation pèsera durement sur un parc essentiellement chauffé au gaz. D’autant qu’avec le nouveau DPE, les bailleurs ignorent au juste combien de logements en F et G, devront être rénovés d’ici 2028. Le parc social comptait environ 7% de passoires thermiques en 2020, mais depuis, le nouveau DPE est passé par là.
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