Pour le moment, le logement est resté discret dans cette campagne présidentielle. Pourtant, c’est un thème qui occupera une place importante dans le prochain quinquennat. Une étude du think tank I4CE (Insitute for Climate Economics) publiée fin 2021, présente les défis budgétaires du prochain gouvernement pour le climat. La rénovation risque en effet de peser lourd avec des besoins d’investissements estimés à 25 milliards d’euros.
Indéniablement, les efforts déjà consentis jusqu’à maintenant par les pouvoirs publics en matière de climat sont conséquents. En 2021, 30 milliards d’euros ont été investis par l’État en faveur de l’environnement. La somme a doublé par rapport à 2012, une véritable dynamique a donc été initiée ces dix dernières années dans notre pays.
Dépenser plus, oui…
La rénovation énergétique n’est pas en reste. La participation financière de l’État a été multipliée également par deux entre 2014 et 2018, passant de 2 à 4 milliards d’euros. Le Plan de relance baptisé « France Relance » a même permis une augmentation de 70 % des dépenses de l’État au bénéfice de la rénovation énergétique entre 2020 et 2021.
Cependant, même si les sommes englouties ces dernières années apparaissent déjà significatives, les pouvoirs publics devront redoubler d’efforts dans les cinq ans à venir, selon le think tank spécialisé dans l’économie du climat. « Même avec un renforcement des normes et/ou de la fiscalité et/ou de l’accès au crédit, les aides publiques demeureront importantes pour accompagner les ménages et les collectivités, surtout les plus modestes », explique l’étude.
Et de rappeler que le rapport Sichel de mars 2021 préconisait de « passer d’environ 5 milliards en 2021 (CEE, MaPrimeRénov, Habiter Mieux) à 11,6 milliards d’euros ». On ne parle que des aides publiques destinées à rénover les passoires thermiques car au total, le think tank estime que « les besoins d’investissements sont de l’ordre de 25 milliards d’euros par an sur la période 2020-2023 » pour la rénovation énergétique des logements, un peu plus encore si on ajoute le tertiaire.
… mais surtout rénover mieux
Le prochain Président de la République devra donc dépenser plus, mais aussi dépenser mieux, en s’assurant de l’efficacité des travaux financés par les aides publiques. L’étude pointe notamment du doigt les rénovations dites mono-gestes (remplacer sa chaudière par exemple) encouragées par MaPriméRénov’, qui ne sont pas toujours synonymes d’amélioration de la performance énergétique. L’I4CE estime ainsi que « les rénovations performantes réalisées en une seule fois offrent de meilleures perspectives pour atteindre les objectifs nationaux ».
Malheureusement, les contrôles et les labels de qualité restent peu fréquents. Difficile en effet d’estimer la qualité d’un projet de rénovation sans en contrôler en aval les bénéfices concrets pour le logement. Les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE), censés inciter les vendeurs d’énergie « à réaliser des économies d’énergie sur leurs installations ou à en faire faire à leurs clients » sont également critiqués. Enfin, les rénovations engendrées par les aides publiques ne prendraient pas assez en compte le confort d’été alors que les températures augmentent chaque année.
Investir plus massivement encore dans la rénovation, veiller à sa qualité, pour se rapprocher des objectifs de décarbonation, le prochain quinquennat n’y coupera pas. Le think tank a d’ores et déjà interpellé les différents candidats à la présidentielle sur les “multiples défis budgétaires” liés à la question climatique. Car même si le sujet ne figure au rang des thèmes de campagne, “les candidats doivent anticiper dès maintenant leur budget pour le climat car… ce ne sera pas facile.”
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