La liste des victimes s’allonge. L’amiante était déjà associé de longue date aux cancers du poumon et de la plèvre (mésothéliome), on apprend qu’il peut aussi être à l’origine d’autres pathologies. Dans une récente communication, l’Anses reconnaît un lieu de causalité entre une exposition aux fibres et les cancers des ovaires et du larynx.
Huit cancers d’origine professionnelle sur dix sont liés à l’amiante. Mais jusqu’à présent, seuls les cancers broncho-pulmonaires et les mésothéliomes rentraient dans les tableaux des maladies professionnelles en lien avec l’amiante. L’Anses suggère aux pouvoirs publics de revoir leur copie, en créant des tableaux de maladie professionnelle pour les cancers des ovaires et du larynx. Dix ans après le CIRC (Centre international de recherches contre le cancer), l’Agence considère à son tour qu’il existe un lien de causalité “avéré” entre l’amiante et ces deux cancers.
Aujourd’hui, la plupart de ces cancers passe encore sous les écrans radars avec une sous-déclaration criante. L’Anses balance quelques chiffres: “seules 130 demandes de reconnaissance du cancer du larynx en maladie professionnelle associée à l’exposition à l’amiante ont été examinées entre 2010 et 2020. Durant cette même période, six demandes de reconnaissance de cancers des ovaires ont été déposées”.
L’explication est simple, “l’amiante étant couramment associé aux cancers des poumons et de la plèvre, ni les médecins ni les malades ne font le lien avec d’autres cancers”, selon Alexandra Papadopoulos, coordinatrice de l’expertise. Le travail de l’Anses, largement partagé par les médias, devrait donc encourager le corps médical à rechercher le lien avec l’amiante dans les cancers des ovaires et du larynx, et par ricochet, améliorer aussi l’indemnisation des victimes.
Soupçonné aussi dans d’autres cancers
La liste des cancers en lien avec l’amiante n’est cependant pas close. Les différents ministères à l’origine de la saisine de l’Anses en 2018, lui avaient également demandé de se prononcer sur d’autres cancers pharynx, estomac et colorectaux, éventuellement occasionnés par l’inhalation de fibres d’amiante. Malheureusement, faute de temps, et par manque de ressources semble-t-il, l’Anses explique s’être concentrée sur les cancers du larynx et des ovaires.
Pourtant, dans la littérature internationale, des études pointent la responsabilité de l’amiante dans d’autres cancers, œsophage, estomac, intestins, reins… Suite à une campagne de mesures révélant des concentrations jusqu’à 700.000 fibres d’amiante dans l’eau en Toscane, des chercheurs italiens avancent aussi un lien avec des cancers gastro-entériques. De ce côté-ci des Alpes, l’Anses qui a remis un rapport sur le sujet en juillet 2021, invite cependant à la prudence: en gros, rien ne permet d’affirmer un lien entre amiante dans l’eau et les cancers colorectaux.
Une récente étude mise en avant par l’Arc (Association de recherche contre le cancer) suggère aussi un lien entre l’amiante et le cancer colorectal, en particulier le cancer du côlon. “L’augmentation du risque est plus importante si l’exposition s’est prolongée sur de nombreuses années.”
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