CNR Logement, les acteurs de l’immobilier ont du mal à avaler la pilule

La crise du logement se télescope de plein fouet avec l’impérieuse rénovation énergétique. C’est dire combien dans cette conjoncture singulière, les patrons de l’immobilier et de la construction attendaient beaucoup du gouvernement. Espoirs balayés, les annonces d’Elisabeth Borne semblent bien en dessous des enjeux…

Les mots ne sont pas mâchés. “Mascarade”, “tout ça pour ça”, “mesures insuffisantes”, “désabusé”, etc. La déception est souvent à la hauteur des espoirs fondés dans ce CNR largement vanté par le gouvernement durant six mois. “Les mesures sont-elles à la hauteur de la crise que l’on traverse? La réponse est non”, confie Danielle, la présidente de l’Unis. Même plusieurs jours après la prise de parole d’Élisabeth Borne, l’“immense déception” n’est pas digérée. Les fédérations de l’immobilier ont le sentiment de ne pas avoir été entendues.

“On voit des contraintes, des mesures, des taxations”, retient surtout Christophe Demerson, patron de l’UNPI, “on est soucieux”. Les acteurs du logement interviewés ne s’y retrouvent pas. Durant les six mois de concertation de nombreuses propositions avaient pourtant été faites.

Qu’est devenue la portabilité des prêts ou la plus grande souplesse demandée sur la durée des emprunts, propositions portées par la Fnaim pour relancer le marché de la transaction? Passées à la trappe comme tant d’autres. “La portabilité des prêts n’a même pas été analysée”, regrette Loïc Cantin, patron de la puissante fédération. “Les recettes de l’État sont excédentaires de 52 milliards d’euros sur le logement, poursuit-il. On ne demande pas beaucoup, mais un geste pour accompagner ceux qui sont en grande difficulté, les primo-accédants, ceux qui ne parviennent plus à acheter.”

Le secteur de la construction n’est guère mieux loti avec, encore, la fâcheuse sensation de ne pas avoir été entendu. Pour Philippe Mazet, délégué général d’EGF-BTP, “il faut que l’on réapprenne à construire en particulier là où se situe la demande de logements, dans les villes”. “Reconstruire la ville sur la ville, sans nécessairement bétonner”, lui non plus ne se retrouve pas dans la politique du gouvernement esquissée en début de mois.

Des motifs de réjouissance, tout de même

Passé ce sentiment général, tout n’est peut-être pas à jeter cependant. Certaines propositions trouvent grâce aux yeux des fédérations. Christophe Demerson retient l’extension de la garantie Visale, “produit qui a fait ses preuves” dont il attend désormais des effets positifs, “notamment auprès du saisonnier”. Philippe Mazet évoque les mesures destinées à régler “la question du mal logement en France qui concerne au moins de 500.000 personnes.

Pour Yannick Ainouche, patron de la Chambre des diagnostiqueurs de la Fnaim, s’il ne fallait retenir qu’une seule des propositions du gouvernement, ce serait le renforcement de France Rénov’ pour “permettre à des particuliers comme des professionnels d’avoir un guichet unique” et donner davantage d’élan à la rénovation des logements. Le président de la CDI Fnaim porte un regard moins sévère que ses homologues sur la politique gouvernementale du moment, il y voit surtout un changement de paradigme. “La rénovation énergétique fait changer de siècle la filière du logement. Avant, on s’intéressait à son emplacement, éventuellement à son rendement financier. Aujourd’hui, on va s’intéresser au logement sur ses qualités écologiques, sa consommation d’énergie, ses émissions de carbone.”

Bonne écoute!

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