Économie circulaire : Cycle Up offre une seconde vie aux matériaux de construction

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Cycle Up est une marketplace de ré-emploi des matériaux de construction : elle permet aux professionnels du BTP de donner une seconde vie à des pièces encore fonctionnelles, évitant ainsi à la fois des tonnes de déchets et des tonnes de C02.

À 47 ans, Sébastien Duprat est déjà « un vieux start-upper » qui a quitté une position confortable dans un grand groupe (Egis), où il faisait du conseil en matière de transition énergétique et climatique, pour faire le pari de l’économie circulaire, version « C’est maintenant qu’il faut agir. »

En voyant les bennes pleines de matériaux encore en bon état, j’ai voulu me consacrer au carbone d’aujourd’hui.

« J’élaborais des stratégies Carbone et des plans Climat, raconte-t-il, j’imaginais un futur désirable pour 2050. Mais sur les chantiers de démolition, en voyant les bennes pleines de matériaux encore en bon état, j’ai voulu me consacrer au carbone d’aujourd’hui. J’ai eu le désir d’une action immédiate pour faire face à l’urgence climatique. »

Sébastien choisit la création d’entreprise, car il sait qu’il va se positionner entre des groupes concurrents (Vinci, Eiffage, Bouygues, etc.), tantôt acheteurs de matériaux et tantôt vendeurs. Il va les inciter à collaborer, et pour cela il vaut mieux être un tiers neutre, un nouveau venu qui puisse leur inspirer confiance. Il a cependant le soutien de ses anciens employeurs, qui comptent parmi ses premiers investisseurs.

C’était en 2018. Sébastien et ses deux associés commencent par créer la marketplace, Cycle Up. La plateforme met en relation les professionnels du BTP, pour faire circuler les matériaux des chantiers de démolition vers les chantiers de construction.

Bien sûr, les besoins des uns et des autres, ainsi que le timing, ne peuvent pas coïncider parfaitement. Sébastien et son équipe (45 personnes aujourd’hui) découvrent que l’alignement de planètes ne se fait pas tout seul. Peu à peu, ils mettent donc en place tous les maillons de la chaîne, en se constituant leur réseau de sous-traitants, souvent avec des entreprises d’insertion : des entrepôts de stockage, des usines de reconditionnement, des solutions de transport et des solutions d’assurance.

« Pourtant, on achète tous des voitures ou des téléphones de seconde main. C’est étrange de se méfier d’un parpaing de seconde main, non ? Mais c’est comme ça ! »

« Honnêtement, je ne vais pas vous raconter que j’avais tout prévu. Les entrepreneurs qui disent ça sont des menteurs. On découvre les obstacles au fur et à mesure et on cherche des solutions. En 2018, on faisait une vente par mois. Aujourd’hui, on est entre 5 et 10 par jour. Tout cela se construit. Il faut aller chercher et embarquer les utilisateurs de l’économie circulaire un par un. »

En effet, malgré les vertus évidentes de l’économie circulaire, lorsqu’il faut changer ses habitudes, les utilisateurs sont réticents. « Pourtant, on achète tous des voitures ou des téléphones de seconde main. C’est étrange de se méfier d’un parpaing de seconde main, non ? Mais c’est comme ça ! »

Depuis 2018, l’actualité n’a fait que confirmer l’intuition de Sébastien : crise du Covid, blocage du canal de Suez, fluctuations des exportations chinoises, et dans un autre registre la guerre en Ukraine… Le postulat écologique répond aussi à bien d’autres enjeux plus récents.

En termes d’expérience client, Cycle Up a voulu faire « l’inverse de la brocante »: « On veut que tout soit carré, clair, garanti, transparent. Dans le BTP, on n’a connu déjà que trop bien le « cul du camion ». Pas de TVA, pas de charges sociales, pas de respect de l’environnement : c’est tout ce qu’on veut éviter. »

« Le chemin que l’automobile a fait en vingt ans, on essaie de le faire en trois ou quatre ans », conclut Sébastien. Pas question pour Cycle Up d’ouvrir le marché aux particuliers : « Je le laisse aux ressourceries, qui constituent un très chouette écosystème. Mais les particuliers peuvent nous recommander à leur constructeur pour les travaux qu’ils souhaitent chez eux… »  

À retenir

  • 45 collaborateurs : 50% d’ingénieurs, 25% de salariés au service client et au Commercial et 25% à l’IT et au marketing, pour opérer la plateforme.
  • • 3.000 utilisateurs (vendeurs et acheteurs).
  • • Deux options, avec 10 ou 20% de commission, selon l’implication de Cycle Up dans la vente.
  • • Cycle Up relève de « la vraie Smart City » : « C’est quand des flux de données vous permettent d’optimiser des flux physiques ». Une belle définition, simple et concrète.
  • • Pour pouvoir identifier les matériaux promis à une seconde vie, il faut un diagnostic. Cycle Up a créé sa propre application, DiagIT, mise à disposition des chantiers vendeurs. « On aimerait que les diagnostiqueurs immobiliers s’en saisissent aussi, au bon niveau. Il y a beaucoup à faire encore dans ce domaine, malgré les progrès que représente le diagnostic PEMD. »

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