Revaloriser les métiers du bâtiment, un autre enjeu de la rénovation



Rénover ? On sait faire. C’est cher, mais la massification et l’industrialisation de cette rénovation portent les espoirs d’une bien meilleure rentabilité. Sauf si l’on butte sur une pénurie de main d’œuvre. Fabrice Bonnifet, directeur du développement durable du groupe Bouygues et administrateur du Shift Project, évoque la nécessité d’attirer et de former en masse pour tenir les objectifs de rénovation.

La trajectoire est-elle bonne ? Non, bien sûr. Et venant de Fabrice Bonnifet, on ne s’attendait pas à une autre réponse. On reste loin, très loin du compte. Pour être dans les clous de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) à 2030 -autant dire demain-, la France devrait rénover 700.000 logements chaque année. 700.000 rénovations de qualité, contre environ 40.000 « au bon niveau » aujourd’hui, estime Fabrice Bonnifet.

Le retour sur investissement post-travaux reste long, bien trop long même avec les hausses des tarifs de l’énergie. Augmenter encore l’énergie pour rendre la rénovation plus séduisante ? « Ce n’est sûrement pas la bonne solution, cela augmenterait encore la précarité énergétique. » Il n’y a pas 36.000 autres solutions, il faut donc baisser le coût de la rénovation.

« Nous sommes au pied du mur. »

L’administrateur du Shift Project compte sur l’industrialisation. Avec Bouygues dans le cadre du programme EnergieSprong, des expérimentations ont eu lieu depuis des années, on sait qu’il est possible de rénover correctement pour moins cher. On peut massifier, mixer les matériaux de construction pour éviter le tout-béton, utiliser davantage la ressource locale pour abaisser le bilan carbone du chantier. « Les mécanismes d’industrialisation font que les coûts baissent. Nous disposons de ratios qui rendent les projets rentables. Maintenant c’est l’accélération. »

« La pénurie de main d’œuvre en particulier sur la rénovation » apparaît comme un autre frein à lever. Le bâtiment doit attirer et former massivement. « Quand on voit le temps pour former une personne à ces métiers, nous aurions dû le faire depuis des années déjà. » Aujourd’hui, plus le choix. « Nous sommes au pied du mur. » Fabrice Bonnifet compte sur la mobilisation des acteurs publics pour promouvoir ces métiers souvent manuels, longtemps dévalorisés dans l’esprit collectif.

Bonne écoute !

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