Que Choisir vent debout contre l’interdiction des chaudières au gaz

Chaudière Gaz

La consultation publique touche à sa fin (28 juillet), mais tout semble déjà joué. L’UFC-Que Choisir déplore « un simulacre de concertation ». Puisque l’échéance de 2026 semble déjà actée pour la fin des chaudières au gaz. L’association dénonce un « projet lacunaire » où le consommateur et l’environnement risquent d’être les grands perdants.

Coûte que coûte, atteindre les objectifs de décarbonation.

Avec -55% d’émissions de gaz à effet de serre en 2030 (par rapport à 2010). Le chemin le plus facile, le plus rapide, serait de se passer du gaz et du fioul dans les bâtiments au profit des pompes à chaleur. Les projections réalisées par le SGPE (Secrétariat général de la planification écologique) montrent qu’en réduisant le nombre de chaudières fioul de -75% et le nombre de chaudière gaz de 20%, on réduit deux fois plus les émissions de gaz à effet de serre que les quelques millions de rénovations globales qui pourraient être réalisés d’ici 2030.

Pour fioul, c’est fait. Pour le gaz, en revanche, rien n’est joué. En théorie, car l’échéance de 2026 a déjà été lâchée par le gouvernement au cours des dernières semaines. Dans ces conditions, la concertation en cours relève de la « tartufferie » juge l’UFC-Que Choisir. Le timing de cette concertation interpelle l’association de consommateurs. « Cette concertation appelle les parties prenantes à se positionner sur un calendrier de fin de commercialisation. Sans fournir aucune évaluation complète de l’impact environnemental d’une telle mesure ».

En effet, la copie de RTE (Réseau de transport d’électricité) n’est pas attendue avant la rentrée. C’est seulement à ce moment là que l’on saura si le réseau actuel est capable d’absorber les besoins en électricité qu’implique la suppression de plusieurs millions de chaudières au gaz ou fioul.

Halte au tout-PAC

On retrouve un argument largement développé par la filière gaz au cours des derniers mois. Et comment sera produite cette électricité pour satisfaire aux besoins supplémentaires ? Le parc nucléaire ne sera pas suffisant. Et d’ici 2030, peu de chances que de nouveaux réacteurs soient mis en service. Alors, s’il faut importer de l’électricité produite par des centrales thermiques, par exemple, pas sûr que le bilan soit très positif. « L’analyse des données de production d’électricité en 2022 à laquelle nous avons procédé met en évidence qu’à l’échelle nationale, il a systématiquement fallu faire appel à des centrales thermiques (gaz, fioul et charbon) encore plus émettrices en CO2 qu’une chaudière à gaz pour répondre à la demande d’électricité », argue l’UFC-Que Choisir.

L’association s’inquiète aussi de voir les pompes à chaleur installées dans des logements mal isolés. Une aberration souvent relevée. S’appuyant sur une étude de négaWatt, le tout-PAC généralisé dans des logements souvent mal isolés pourrait conduire « soit à une insuffisance forte de chauffage, soit à une croissance trop forte de la pointe électrique en hiver et à un recours massif aux centrales au gaz ». Contre-productif dans un sens comme dans l’autre.

Mauvais pour la planète, mauvais aussi pour le portefeuille des consommateurs.

Car le prix d’une PAC n’est pas le même qu’une chaudière classique, y compris pour les modèles performants à condensation. « Rendre obligatoire l’achat d’un tel équipement entraînerait un surcoût pour les ménages pouvant atteindre 7.000 euros, par rapport à celui d’une nouvelle chaudière à gaz », poursuit l’UFC-Que Choisir.

Les 40% de ménages qui se chauffent aujourd’hui au gaz seront pénalisés. Mais ceux qui continueront encore à se chauffer au gaz parce que leur chaudière est récente par exemple, le seront davantage encore. Moins nombreux, ils devront supporter le coût d’entretien du réseau (aujourd’hui de l’ordre de 30% de la facture).

Alors que la consultation s’achève, l’association de consommateurs demande au gouvernement de ne pas généraliser les interdictions de chaudières au gaz en les réservant aux habitations correctement isolées, avec des aides revues à la hausse pour permettre ce changement de mode de chauffage et en veillant à que le prix de l’abonnement gaz n’explose pas.

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