Fin des chaudières à gaz, l’échéance de 2026 dans le viseur

Chaudiere gaz

La date circule déjà depuis plusieurs semaines. Comme le fioul, le gaz est sur la sellette, avec une interdiction d’installer une chaudière gaz neuve dans les logements anciens. Oui mais à partir de quand ? Même si la consultation publique reste ouverte jusqu’au 28 juillet, le gouvernement semble accroché à l’échéance de 2026.

C’était le scénario déjà privilégié par France Stratégie dans son rapport publié en mai. Avec une interdiction d’installer une nouvelle chaudière gaz dès 2026, la France pourrait remplacer un quart de son parc d’ici 2030 et du même coup baisser sérieusement ses émissions de gaz à effet de serre. Histoire de tenir ses objectifs.

Rétropédalage en règle

2026, c’est aussi la date avancée par Élisabeth Borne lors d’un Conseil de transition écologique en mai. La consultation ne sera bouclée que fin juillet, mais cette échéance semble déjà bien ancrée dans l’esprit du gouvernement.

En témoigne encore les récents propos du ministre chargé du Logement, Olivier Klein, dans un entretien à la Dépêche du Midi. « 2026 constitue un bon point de référence, au regard de l’accélération qui est nécessaire pour atteindre nos objectifs à horizon 2030. » Rétropédalage en règle donc pour le ministre qui, fin avril à l’Assemblée nationale, avait pourtant assuré que le gouvernement n’avait pas « à ce jour d’objectifs d’interdiction de la production de chauffage et d’eau chaude dans les logements anciens ».

Si l’échéance de 2026 semble donc arrêtée, en revanche, on ignore encore ses contours. Est-ce qu’on va vers une interdiction pure et simple? Avec quelles dérogations? Et avec quelles mesures d’accompagnement? À la fois pour les 200.000 chauffagistes qui encore en 2022 installaient 440.000 chaudières neuves, ou les particuliers. Car même si les aides se montrent particulièrement généreuses pour les ménages qui choisissent de troquer leur vieille chaudière à énergie fossile pour une pompe à chaleur flambant neuve, le coût n’est pas du tout le même. D’autant que l’installation d’une PAC sous-entend que le logement soit correctement isolé au préalable, sous peine de se révéler contre-productive.

“Catastrophe pour le pouvoir d’achat”

Cette future interdiction qui se dessine de plus en plus nettement inquiète l’UFC Que Choisir qui y voit « une catastrophe pour le pouvoir d’achat ». « Si les chaudières à gaz sont vendues à des tarifs assez disparates d’un installateur à l’autre, elles coûtent en moyenne trois fois moins cher que les pompes à chaleur air-eau. » Oui, mais si le climat y gagne ? Après tout, la lutte contre le réchauffement climatique vaut bien ce sacrifice.

Justement. Reprenant les arguments affutés au cours des derniers mois, Que Choisir estime que la multiplication des pompes à chaleur au détriment de la chaudière gaz, n’entraînera pas forcément une diminution drastique des émissions de gaz à effet de serre comme on pourrait naïvement le penser. Non seulement les PAC souvent produites en Asie affichent un bilan carbone plus élevé à la fabrication que la chaudière réalisée sur le Vieux continent. Mais en plus, « remplacer les 12 millions de chaudières par des pompes à chaleur va donc augmenter les importations d’électricité en hiver. Les centrales au charbon et les centrales thermiques au gaz d’Allemagne et d’ailleurs sauront y répondre… mais avec des émissions de gaz à effet de serre très élevées ». Début juin, l’association consumériste préconisait de couper la poire en deux, en remplaçant les chaudières vieillissantes (environ 50%) et pas forcément les modèles plus récents.

Une telle approche ne semble pas exclue. “Il n’y a pas d’objectif de date affiché dans la concertation, et il faudra certainement avoir une approche différenciée selon les typologies de logements, les contraintes techniques” selon Olivier Klein. Il faudra donc attendre la fin de la consultation.

Au-delà du climat, un autre argument, plus politique cette fois, pourrait aussi plaider pour une interdiction assouplie et une sortie progressive plutôt qu’une condamnation ferme et sans sursis. Outre-Rhin, l’interdiction, dès 2024, d’installer un équipement de chauffage ne fonctionnant pas avec au moins 65% de sources d’énergie renouvelable a provoqué de sérieux remous. Au point de mettre à mal la coalition gouvernementale et d’engendrer des effets contre-productifs, nos voisins allemands s’empressant d’acheter des chaudières gaz avant leur interdiction. De quoi aussi nourrir la réflexion de ce côté du Rhin.