Qualité de l’air intérieur : c’est à l’Ehpad qu’on est encore le mieux

Mesure qualité de l'air intérieur

Leur surveillance périodique est prévue à partir de 2025. Mais une étude menée par l’Oqai (Observatoire de la qualité de l’air intérieur) renseigne déjà sur la qualité de l’air intérieur des établissements d’accueil de personnes âgées ou médico-sociaux. Verdict, même si on note quelques dépassements, cette qualité de l’air intérieur apparaît souvent bien meilleure que dans le logement ou même à l’école.

Quel air respire-t-on dans les ESMS (établissement ou service social ou médico-social) ?

Entre 2019 et 2021, l’Oqai a étudié la qualité de l’air intérieur (QAI) de 97 bâtiments en France. Des Ehpad, des unités de soins de longue durée, des établissements d’accueil de personnes handicapées, adultes ou enfants… Que des publics sensibles qui passent souvent beaucoup de temps en chambre. Un peu plus encore à l’occasion de cette enquête menée en pleine pandémie Covid.

Les techniciens ont à la fois mesuré le taux de CO2, indice de confinement de l’air, mais aussi la présence de polluants comme les COV (composés organiques volatiles), les aldéhydes, le dioxyde d’azote ou les particules fines (PM2,5), avec beaucoup de substances classées CMR (cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques). Dans les chambres des résidents comme dans les espaces de vie communs.

Les résultats

Sans la moitié des pièces investiguées, la concentration moyenne en CO2 est supérieure à 620 ppm en journée et à 628 ppm en nuit. On reste en dessous du seuil de 800 PPM, la valeur de référence définie par le Haut Conseil de santé publique (HCSP).

C’est une moyenne. Dans le détail, les écarts apparaissent fréquents. « La concentration en CO2 dépasse 800 ppm pendant au moins 9% du temps dans 50% des pièces (pièces de vie et chambres). Et pendant au moins 28% du temps dans 25% des pièces. Le seuil de 800 ppm est dépassé au moins une fois en journée dans 81% des pièces » expliquent les auteurs de l’enquête. Et la qualité de l’air a tendance à se détériorer la nuit. Car le seuil est dépassé au moins une fois dans sept pièces sur dix. Tandis qu’un quart des pièces sont au-delà du seuil 72% du temps.

En soi, rien de catastrophique puisque le dioxyde carbone n’est pas dangereux. « La concentration de CO2 mesurée dans les environnements intérieurs n’a pas d’effet direct sur la santé des occupants. Mais est un marqueur de la qualité de l’air intérieur », rappelle l’étude. « En effet, un environnement intérieur avec de fortes concentrations de CO2 indique que le renouvellement de l’air n’est pas suffisant et que les polluants présents peuvent s’accumuler, abaissant ainsi le niveau de qualité de l’air intérieur. »

La majorité des établissements dans les clous

Justement pour les polluants mesurés, 8% des pièces enregistrent un dépassement des valeurs guide pour les PM2,5, 12% des pièces pour le dioxyde d’azote, 9% pour le benzène (un des COV recherchés), 2% des pièces pour les aldéhydes… « Dans la majorité des établissements instrumentés, les valeurs guide réglementaires pour le formaldéhyde et le benzène sont respectées », concluent les auteurs du rapport qui ne relèvent pas de situations alarmantes. Car même en cas de dépassements, les valeurs restent mesurées.

Pas catastrophique donc, surtout si on compare aux concentrations relevées dans d’autres lieux de vie. L’Oqai établit des comparaisons par rapport aux précédentes campagnes menées dans le logement ou dans les écoles. Rien à voir, les mesures effectuées dans les habitations apparaissent ainsi beaucoup plus élevées. Quatre fois plus de particules fines dans les logements en moyenne. Deux fois plus de formaldéhydes, et aussi plus de benzène, de toluène… Les explications ne manquent pas: moins de tabagisme, moins de cuisine, moins de mobilier, moins de chauffage au bois. Autant de facteurs souvent pointés du doigt pour expliquer la qualité de l’air intérieur souvent détériorée dans les logements.

Par rapport aux écoles, les concentrations se révèlent aussi bien moins élevées. Là, l’explication avancée tient à une présence de ventilation mécanique beaucoup moins systématique dans les établissements scolaires que dans les ESMS (établissement ou service social ou médico-social).

Qualité de l’air intérieur dans les établissements sanitaires et médicosociaux, Oqai et CSTB, Juillet 2023.

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