Jeudi 23 novembre, journée nationale de la précarité énergétique. Forcément, dans un contexte d’inflation et de flambée des coûts des énergies, cette journée prend une résonance particulière. La précarité énergétique augmente, et certains indicateurs se révèlent inquiétants.
Douze millions de personnes aujourd’hui en situation de précarité énergétique, presque un Français sur cinq (18%). On parle des ménages parmi les 30% les plus modestes, pour lesquels l’énergie pèse plus de 8% du budget et qui malgré tout souffrent du froid chez eux.
Douze millions, c’est le chiffre officiel, martelé année après année et utilisé encore pour cette édition 2023. À considérer plutôt comme un ordre d’idée car en matière de statistique, il existe une latence qui ne rend pas compte des évolutions récentes survenues en 2022 avec la crise énergétique.
Des impayés en hausse
Le traditionnel baromètre du Médiateur national de l’énergie, dévoilé en septembre, se révèle très instructif. Il met des chiffres sur ce que tout le monde pressent : les ménages peinent à faire face à la hausse des tarifs de l’énergie. La part des consommateurs pour qui les factures d’énergie représentent une part importante du budget atteint 84% cette année. Un record, c’est 13 points par rapport à 2020. Par ricochet, les ménages sont de plus en plus nombreux à rencontrer des difficultés pour boucler les fins de mois : presque un tiers de la population désormais (31%) reconnaît avoir du mal à payer les factures d’électricité et/ou de gaz quand ils n’étaient « que » 18% en 2020.
Des chiffres qui se traduisent aussi à travers la forte hausse des impayés avec plus de 860.000 factures gaz et électricité non acquittées l’an passé. Un autre record. Le cru 2022 aura aussi enregistré 767.000 interventions réalisées pour l’électricité, souvent des réductions de puissance (+9% par rapport à 2021), et 97.000 coupures de gaz pour impayés (+17% par rapport à 2021).
Sobriété contrainte
Résultats, pour s’éviter des factures trop salées, presque huit Français sur dix (79%) restreignent leur chauffage : 10% de plus qu’en 2022, 26% par rapport à 2020. On paye plus cher, et on a aussi plus froid chez soi. Autre indicateur précieux pour mesurer la précarité énergétique, le ressenti dans le logement. « Malgré un hiver moins rigoureux, la part des foyers ayant souffert du froid est en hausse de 4 points et s’élève à 26%, soit +12 points par rapport à 2020 », selon le Médiateur national de l’énergie.
Précarité l’hiver, mai aussi l’été. Cette année, les associations qui portent cette journée de lutte alertent aussi contre l’émergence d’une nouvelle forme de précarité. La mauvaise isolation d’un logement ne se ressent plus seulement l’hiver, elle devient aussi très gênante durant la belle saison avec les canicules à répétition. « En 2022, six personnes sur dix ont souffert de la chaleur chez elles, explique la Fondation Abbé Pierre. Ces personnes subissent une nouvelle forme de précarité énergétique en habitant dans des bouilloires énergétiques. »
Cette journée intervient dans un contexte d’inflation qui fait gonfler la facture énergétique, mais contrarie aussi la rénovation. La demande de MaPrimeRénov’ a ralenti, et près d’un milliard d’euros de crédits ne seront pas consommés. Dans son baromètre, le Médiateur national de l’énergie observe une chute vertigineuse : « avec l’inflation, nombre de propriétaires semblent renoncer à réaliser des travaux d’isolation (33% d’entre eux envisagent des travaux cette année contre 47% l’année dernière). Ils renoncent également au remplacement de leur mode de chauffage (20% l’envisagent cette année contre 32% l’année dernière) ».
Le site de la Journée nationale de la précarité énergétique.
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