Paris veut éteindre la Tour Eiffel plus tôt. À Lille ou à Marseille, la mairie préfère laisser certains bâtiments publics plongés dans le noir. La sobriété énergétique gagne tout le monde, jusqu’au sommet de l’État où elle est désormais prêchée par Emmanuel Macron. Il faut “changer les comportements”, un message qui n’a rien d’inédit lorsqu’on fouille dans les archives télévisuelles.
Cinquante ans, presque, mais la rhétorique n’a pas beaucoup évolué. Nous sommes en 1973 au lendemain du premier choc pétrolier. Georges Pompidou, le Président de la République commence par rassurer: la France est “à l’abri d’une crise grave dans les prochains mois”. Grâce à qui ? Grâce à la politique du gouvernement qui a bien fait son travail et qui a veillé à l’état des stocks…
Bien sûr, à l’époque on parle essentiellement du pétrole, mais si on lui substitue le gaz, le discours est identique. Georges Pompidou exhorte ainsi les Français à économiser le chauffage et toutes les formes d’énergie dans un contexte où 75% apparaissent inquiets. On ne parle pas d’opulence, mais on n’en est pas loin : “Les Français sont inquiets parce qu’ils se réveillent d’un trop beau rêve”, “une vie de facilité et de bonheur même si les Français ne s’en rendaient pas toujours compte”.
Tout le monde au lit après 23h
Aux mêmes maux, les mêmes remèdes. Les fameux écogestes d’Ecowatt n’ont rien de nouveau: baisser le chauffage, la clim (mais ça faut reconnaître qu’on n’en parlait pas trop dans les années 1970), gérer correctement l’éclairage, réduire l’éclairage public et publicitaire, laver son linge ou la vaisselle en dehors des heures de forte consommation… Tous ces conseils de bon sens sont rabâchés déjà depuis les années 1970. Parmi les pistes, on parle déjà d’abaisser la vitesse sur les autoroutes ou de limiter le trafic aérien. Et même supprimer la télé après 23 heures, tout le monde au lit!
Rien n’a vraiment changé finalement. Ah si, peut-être la sémantique. Dans les années 1970, on ne parle pas de “sobriété“, mais plutôt de “gaspillage” et de chasse au gaspillage. Pas de site internet Ecowatt, pour promouvoir la sobriété énergétique, mais les pouvoirs publics ont créé un personnage dénommé “le Gaspi”, un “animal sournois”, que tous les Français sont invités à traquer pour éviter le rationnement.
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