“L’amiante reste la principale cause des cancers professionnels et tuerait environ 80.000 personnes chaque année en Europe selon des estimations.
Le Pacte vert européen (Green deal) prévoit la rénovation de 35 millions de bâtiments. Ces bâtiments, construits avant l’interdiction de l’amiante au niveau européen, sont susceptibles de contenir des matériaux amiantés. La vague de rénovation constitue donc une opportunité pour combiner le désamiantage de nombreux bâtiments mais également un risque pour les travailleurs et les occupants.
Pour que chaque travailleur soit protégé de manière adéquate, quel que soit son État membre d’origine, la Commission européenne prévoit une révision de la directive amiante en fin d’année 2022.
En amont de cette révision législative, le Parlement européen a souhaité être force de proposition et a adopté le 19 octobre 2021, un rapport contenant des recommandations. Parmi les pistes avancées figure notamment la généralisation du diagnostic des bâtiments, à l’image de ce que la France a déjà mis en place.
La généralisation de deux types de diagnostics est proposée : le diagnostic avant une transaction immobilière, dont le premier objectif est la protection des occupants, sans travaux destructifs, et un diagnostic plus poussé à réaliser impérativement avant des travaux de rénovation. Ce dernier diagnostic permettrait une analyse plus fine des risques, permettant la mise en place, en amont, des procédures adéquates pour protéger les travailleurs sur les chantiers.
Le Parlement propose que les certificats de diagnostic, que seules des entreprises certifiées seraient autorisées à réaliser, puissent servir de base à une cartographie de l’amiante restant, à l’image du registre numérique mis en place en Pologne. Estimer la quantité d’amiante présent à un échelon régional ou national permettrait d’alimenter la réflexion sur des plans nationaux de désamiantage.
Le Pacte vert pour l’Europe n’est donc pas seulement un engagement fort pour le climat, c’est aussi un vaste plan de santé publique, à condition de mettre en place les mesures nécessaires à la protection efficace des travailleurs du bâtiment, qui seront en première ligne de la vague de rénovation. Le diagnostic amiante en fait indéniablement partie.”
Véronique Trillet-Lenoir est cancérologue de profession et députée européenne, élue en 2019 sur la liste Renaissance (majorité présidentielle). Rapporteure pour le Parlement européen du plan européen de lutte contre le cancer, elle est également chargée du suivi pour son groupe (Renew Europe) des dossiers liés à la protection de la santé au travail.
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