Rénover, je veux bien, mais ça coûte cher. La rénovation est la promesse de substantielles économies sur sa facture énergie, et pourtant l’investissement est souvent loin d’être rentable. Une récente étude confirme la difficulté à rentrer dans ses frais, même sur le long terme. A moins de voir plus loin que le bout de son nez et de son petit logement bien sûr…
Quels sont les travaux les plus rentables? Pour améliorer son isolation et grappiller quelques précieux euros sur sa facture d’énergie, on pense souvent à changer ses menuiseries. Mauvais choix. Selon l’étude menée par Hellio, spécialiste de la rénovation énergétique, c’est loin, très loin, d’être le poste de travaux le plus rentable: comptez 74 ans pour le retour sur investissement de fenêtre/porte-fenêtre selon Hellio qui a comparé les coûts d’investissement aux économies générées.
L’étude fournit ainsi quelques éléments pour guider des ménages contraints par un budget de rénovation à arbitrer entre différents postes de travaux. Vaut-il mieux changer sa chaudière ou isoler ses combles? Si l’on en croit l’étude, l’isolation apparaît comme la plus rentable: un peu plus de 7 ans pour amortir l’isolation de planchers bas, 10 ans pour l’isolation de murs, 14 ans pour les combles et la toiture. C’est moins que pour un nouvel appareil de chauffage: 16 ans et demi pour une chaudière à condensation, une chaudière biomasse ou un poêle au bois, presque 21 ans pour une pompe à chaleur… Quinze ans, vingt ans, ça semble long, et on se dit que le nouvel équipement n’aura peut-être pas été rentabilisé qu’il sera dépassé et qu’il faudra peut-être en changer.
20 ou 30 ans pour amortir les travaux
Bien entendu, nous sommes dans la pure théorie : d’un logement à l’autre, bien des choses peuvent changer. Hellio ne peut pas prédire les tarifs du gaz ou de l’électricité dans l’avenir, ni le montant des aides gouvernementales. Que les prix des énergies poursuivent leur ahurissante flambée, que le gouvernement continue à abonder MaPrimeRénov’, et la rénovation gagnera financièrement en pertinence. Question de logique.
Ce n’est pas la première fois que la délicate rentabilité de la rénovation est pointée du doigt. France Stratégie, organe d’expertise et de réflexion rattaché au Premier ministre, s’était justement penché sur le sujet en début d’année. En moyenne pour atteindre une étiquette vertueuse (A, B, voire C), le propriétaire d’un logement avec une surface moyenne de 90 m², devrait sortir entre 25.000 et 40.000 euros. Combien de temps pour rentrer dans ses frais? Les petits génies de France Stratégie estiment qu’au bout de 20 ans, 36% des logements seulement auraient amorti les travaux, et que même après 30 ans, les travaux ne seraient toujours pas amortis pour un quart des logements.
10 milliards d’euros d’économies
Bien sûr, une rénovation n’est pas guidée uniquement par des considérations bassement financières et par le souci d’économiser sur la facture, l’amélioration du confort apparaît souvent au rang des motivations principales. A l’échelle macro, on peut aussi évoquer la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la lutte contre le réchauffement climatique, et de sérieuses économies pour notre système de santé puisqu’un logement mal isolé, froid, humide est synonyme de pathologies pour les occupants.
Dans une note de mars, France Stratégie estime ainsi que “la rénovation de l’ensemble des passoires
énergétiques d’ici 2028 permettrait ainsi d’éviter des coûts de santé de près de 10 milliards d’euros par an”. “Le gain moyen annuel pour la société produit par une rénovation est estimé à 7.500 €, décomposé en 400 € de réduction des coûts de soin, 1.400 € d’amélioration du bien-être et 5.700 € de réduction du risque de mortalité.” Vue comme ça, la rénovation devient subitement plus rentable.
Et plus le logement est énergivore, plus le risque de développer des pathologies sera important et plus la rénovation se révèlera intéressante. Une étude de 2018, dont s’inspire la récente note de France Stratégie, permet de se faire une idée. Pour chaque euro investi dans la rénovation des quelque 600.000 logements énergivores aujourd’hui occupés par des ménages vivant sous le seuil de pauvreté, l’État économiserait, chaque année 1,65 euros. 1 euro investi, 1,65 euro économisé. Finalement, les économies réalisées sur la facture énergétique grâce à la rénovation, ne sont pas les plus précieuses.
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