Signe supplémentaire de l’importance acquise par le DPE, la Fnaim lance un baromètre trimestriel pour scruter la performance énergétique du parc hexagonal et suivre son évolution dans le temps. Une façon de “mesurer l’ampleur de la tâche que peut constituer la rénovation du parc de logements”.
Quels territoires concentrent les passoires énergétiques? Quelles caractéristiques se dégagent pour ces logements? Avec pas loin de 2 millions de DPE produits en France rien que pour les trois premiers trimestres 2022, le monde immobilier dispose d’un précieux outil. “Nous proposions aux pouvoirs publics depuis longtemps que soit mise en place une cartographie du DPE à l’échelle des villes. Sans viser encore l’exhaustivité sur toutes les villes, ce baromètre est un bon premier pas, indique Jean-Marc Torrollion, président de la Fnaim. Nous souhaitons que cet outil soit utile à tous les pouvoirs publics – gouvernement, parlementaires et élus locaux – pour établir, en collaboration avec les professionnels de l’immobilier, un plan de rénovation d’ampleur du parc immobilier, et notamment dans les secteurs où c’est le plus nécessaire.”
L’observatoire montre une nouvelle fois combien la répartition des classes énergétiques est loin d’être homogène à travers l’hexagone. “Si certains territoires, à l’image notamment des départements méditerranéens (Var, Bouches-du-Rhône ou encore l’Hérault) ont moins de 10% de logements classés F ou G, certains territoires ont une part de logements F ou G bien plus importante (33,9% dans les Alpes-de-Haute-Provence, 32,1% en Corrèze ou encore 41,5% en Lozère).”
Une répartition inégale
Cela vaut pour les départements, comme pour les villes. “C’est en regardant les 100 plus grandes villes de l’Hexagone que le constat est le plus parlant.” “Si certaines villes bénéficient d’une faible part de logements F ou G (9,4% à Toulouse, 7,6% à Marseille ou 7,7% à Montpellier), d’autres voient cette part bien plus importante, à l’image de Paris, qui comptent 40% de logement classés F ou G, ou encore Nanterre et Épinay-sur-Seine pour qui la majorité du parc immobilier est constituée de logements F ou G (respectivement 50,3% et 56,4% du parc).”
Comment expliquer de telles différences d’une ville à l’autre? L’âge des constructions, bien sûr. Plus une ville compte des logements neufs et récents, moins son parc sera énergivore. Et vice-versa. Yannick Ainouche, président de la Chambre des diagnostiqueurs de la Fnaim, dresse ainsi le portrait-robot de ces logements énergivores: “Ce sont essentiellement des maisons, de petite taille, chauffées au fioul et souvent anciennes. La majeure partie de ces logements sont dans le parc locatif, et pour beaucoup en altitude, et mis à part l’agglomération parisienne, des zones où les prix de l’immobilier sont faibles“.
Ce baromètre des DPE apporte de l’eau au moulin de la Fnaim. Comment tenir les engagements de rénovation dans certains territoires ou certaines villes, quand 30%, 40%, ou même 50% du parc est aujourd’hui classé en passoire énergétique? La fédération trouve un solide argument pour appuyer ses propositions déjà formulées courant 2022: laisser davantage de temps aux copropriétés qui auront adopté un plan pluriannuel de travaux, revoir le calendrier des interdictions avec une éradication des logements en G à horizon 2030, et enfin, organiser la solidarité entre copropriétaires en rendant opposable le DPE collectif. Pour Jean-Marc Torrollion, “ces solutions devraient permettre une rénovation ambitieuse de l’ensemble du parc immobilier Français“.
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