Il est un peu le messie que la rénovation attendait. L’accompagnement de ce tiers de confiance, indépendant et impartial, doit lever plusieurs verrous administratifs, financiers ou techniques qui freinent aujourd’hui cette rénovation énergétique. L’accélération des rénovations, comme leur qualité reposent beaucoup sur ses épaules.
Accompagnateur Rénov’, c’est quoi au juste son rôle ?
A lui d’informer et conseiller les ménages aux différentes étapes de la rénovation. Concrètement, cela commence par l’audit énergétique et ses scénarios de travaux, la mobilisation de toutes les aides existantes, le plan de financement avec le reste à charge… A lui aussi, d’examiner la concordance des devis avec les travaux prescrits et plus tard, d’accompagner les ménages durant les travaux, de mettre à jour l’audit et de dispenser quelques conseils avisés sur la prise en main d’un logement rénover. Il peut aussi proposer des prestations facultatives comme le test d’infiltrométrie à l’air, histoire de s’assurer, par exemple, qu’il n’existe pas de trous dans l’isolation.
Bref, avant, pendant ou après la rénovation, cet Accompagnateur Rénov’ reste présent pour éclairer autant que rassurer les consommateurs parfois effrayés par cette rénovation énergétique et cortège de fraudes. Mais il reste un tiers: il ne se substitue pas aux propriétaires, ce n’est pas lui qui va choisir les artisans, il demeure dans un pur rôle de conseil. Dit autrement, l’accompagnateur n’est pas responsable de la bonne exécution des travaux. Ce qui n’empêche pas de vérifier la conformité des équipements et matériaux avec l’audit.
Quand recourir à l’Accompagnateur Rénov’ ?
Le dispositif n’a pas encore décollé, mais les règles du jeu ont déjà changé. Le gouvernement a revu sa copie, et l’a rendue plus claire : quiconque se lance dans une rénovation d’ampleur doit recourir à cet Accompagnateur de Rénov’ à partir du 1er janvier 2024. Pas vraiment le choix, sans Accompagnateur, le propriétaire sera privé d’aides. L’État impose ce tiers de confiance dans la rénovation afin d’éviter des travaux contreproductifs, comme des pompes à chaleur dans des passoires thermiques par exemple. Il doit aussi être un rempart contre les fraudes.
Tôt ou tard, tous les propriétaires de logements classés F et G sont donc amenés à faire connaissance avec cet Accompagnateur. Car avec la nouvelle mouture de MaPrimeRénov’, les propriétaires de passoires n’auront plus accès aux aides pour des travaux mono-gestes. C’est rénovation d’ampleur obligatoire (deux gestes d’isolation minimum et un geste de ventilation), et donc passage obligé par l’Accompagnateur Rénov’.
Qui est Accompagnateur Rénov’ ?
Bonne question. Si l’on se fie aux textes (décret du 22 juillet 2022), cet Accompagnateur prend des visages multiples. Cela peut être un espace Conseil France Rénov’, un opérateur de l’Anah, un architecte, une collectivité territoriale, un auditeur énergétique titulaire d’un signe de qualité… Les acteurs privés doivent toutefois disposer d’un agrément délivré par l’Anah.
L’Agence nationale de l’habitat s’assurera notamment que l’opérateur répond bien aux conditions d’indépendance et d’impartialité fixées par les textes. Il en va de la crédibilité du dispositif : l’Accompagnateur Rénov’ doit être totalement neutre par rapport aux solutions préconisées. Une société qui réalise des travaux de chauffage, ou qui vend des panneaux solaires, ne peut pas être aussi dans le conseil de solutions. Question de logique, si on veut prévenir tout conflit d’intérêt.
Qui va payer ?
Forcément, cet Accompagnateur Rénov’ aura un coût. Les prix de la prestation ne sont pas encadrés, mais puisque la mission s’inscrit dans le temps, qu’elle réclame aussi des compétences certaines, l’Accompagnateur Rénov’ sera plus cher qu’un diagnostic ou qu’un audit.
Justement, pour que ce coût supplémentaire ne devienne pas un autre frein à la rénovation, la mission de l’Accompagnateur Rénov’ pourra aussi être prise en charge par MaPrimeRénov’. Combien ? On attend encore les textes pour encadrer la version 2024 de la prime, mais Matignon a déjà communiqué sur le sujet.
Tout le monde y aura droit. La prestation d’accompagnement sera financée à hauteur de 100% pour les ménages aux revenus très modestes, 80% pour les revenus modestes, 40% pour les revenus intermédiaires et 20% pour les revenus supérieurs, dans la limite d’un coût plafond de 2.000 euros. Et même jusqu’à 4.000 euros dans certaines situations spécifiques, lorsque des ménages se trouvent en situation de précarité énergétique, et vivent dans un habitat indigne.
Y’aura-t-il suffisamment d’Accompagnateurs Rénov’ ?
C’est la question qui dérange. Le gouvernement veut 200.000 rénovations globales dès 2024. Ambitieux? Oui, mais ce n’est rien à côté de ce qui est annoncé. Dès 2030, la rénovation doit atteindre son rythme de croisière, avec un million de rénovations globales par an. Et autant de missions, donc, pour l’Accompagnateur Rénov’. Selon les projections officielles, c’est une nouvelle filière qui doit émerger en l’espace de quelques années avec un besoin estimé à plus de 8.000 accompagnateurs à horizon 2030. Ce qui explique pourquoi cet accompagnement a été ouvert aux acteurs privés via une procédure d’agrément.
On n’y est pas. On en est loin, même. Pour le moment, l’Anah annonce 2.000 Accompagnateurs Rénov’ dès 2024 et 5.000 en 2025. Néanmoins, difficile de dire combien seront réellement opérationnels au 1er janvier 2024, l’Anah reste peu prolixe sur le sujet. Une liste officielle des accompagnateurs Rénov’ disponibles a été annoncée sur le site France Rénov’, mais celle-ci n’a toujours pas été publiée à mi-novembre.
Du coup, plusieurs observateurs entrevoient déjà un risque que le dispositif ne soit pas suffisamment déployé et vienne contrarier l’essor des rénovations globales voulu par le gouvernement.
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