Comment mettre en place la sobriété énergétique dans son logement ?

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Rénovons, rénovons, mais attention à ne pas dilapider les précieuses économies d’énergie réalisées à force de travaux. Pour que la rénovation soit vraiment efficace, nous devons aussi modifier nos comportements. Chauffer à 19°C, privilégier une douche plutôt qu’un bain, l’Ademe travaille au quotidien sur les questions de sobriété énergétique.

Pour Solène Marry, (coordinatrice économie circulaire et Innovation dans le bâtiment de l’Ademe), et Albane Gaspard (chargée de mission prospective et filières zéro carbone pour les bâtiments à l’Ademe), l’une des problématiques principales de la sobriété énergétique est d’avoir le bon usage de ses équipements. En effet, les personnes ont une tendance a surdimensionner les choses. Accumuler les objets, entasser, surconsommer, etc. Tant de gestes anodins en apparence qui ont de fâcheuses conséquences.

L’Ademe a donc mise au point trois axes d’actions pour guider au mieux les particuliers et les entreprises. Limiter la demande, « pour ne pas trop demander d’énergie, en chauffant moins, etc. C’est le principe de la sobriété énergétique ». L’efficacité, « on a de la demande, on y répond de façon optimale avec les équipements, en fonction des étiquettes. » Le troisième levier est la décarbonation d’énergie car « oui on consomme mais de manière moins carbonée, par exemple avec le chauffage au bois, les pompes à chaleur, etc. »

« Quand on pense sobriété énergétique, on l’associe souvent au chauffage, sauf que l’on a remarqué que ce n’est pas la rénovation la plus efficace. » « Le levier le plus efficace restera la rénovation », explique les expertes. Pour elles, il faudrait qu’« après la rénovation, les gens continuent à vivre normalement”. Ce n’est pas vraiment le cas. “Les propriétaires ont tendance à surchauffer leur logement par exemple, ce qui est inutile puisque la rénovation a optimisé leur système de chauffage », détaille Albane Gaspard.

Ces leviers ont permis de réduire les consommations, « entre 26% et 40% », annonce Solène Marry. D’ailleurs, « selon les analyses de la cellule statistique du ministère de la Transition écologique, sur les 30 dernières années toutes les économies des émissions de carbone faites grâce à la rénovation ont été annulées à cause de l’augmentation du nombre de m² par personne ».

Des exemples concrets

Pour l’Ademe, il faut absolument parvenir à concilier sobriété énergétique et rénovation énergétique si l’on veut tirer tous les bénéfices des travaux. L’étude Tersob a fait un « état des lieux des actions de sobriété dans les territoires français ». Deux exemples en ressortent. La ville de Grenoble, qui grâce à son plan d’actions, a réalisé, en moyenne 15% d’économies d’énergie sur la première année, puis 5% l’année suivante mais sans faire de travaux. Entre 2017 et 2019, les dépenses liées à l’énergie ont diminué de 5% sur les bâtiments bénéficiant de l’opération sobriété.

Le deuxième exemple : Argentan Intercom. L’extinction de l’éclairage public a réduit la consommation énergétique liée à cet usage de 20%, soit 523.082 kWh (référence 2016-2017). L’économie énergétique représente 35 kWh par habitant (à l’échelle des deux communes concernées). L’Ademe propose aussi une grille de bonnes pratiques, qui donnent des exemples d’actions à réaliser chez soi.

Des scénarios de projections pour 2050, ont été menés par l’Ademe. Le constat est clair, « la rénovation doit se développer rapidement mais il ne faut pas oublier qu’elle ne peut pas se faire sur la semaine, la rénovation prend du temps, elle est nécessaire certes mais il faut qu’elle soit réfléchie », indique Albane Gaspard.

Prenons un exemple, « le chauffage, comme dit précédemment c’est la rénovation qui reste le plus efficace. Elle peut vous faire économiser 10% de votre logement, mais avec une rénovation vous allez économiser au minimum 70% d’énergie, un pourcentage non négociable », explique l’experte.

« Il faut voir la sobriété énergétique comme une démarche, pas comme une contrainte »

Comme le dit l’expression, Rome ne s’est pas construite en un jour, pour y arriver, il a fallu faire des concessions. Faire des efforts est une chose mais la rénovation doit être suivie par de bons comportements.

« Il faut voir la sobriété énergétique comme une démarche pas comme une contrainte, souvent mal-vue, sous-estimée », précise Solène Marry. « Il s’agit de réfléchir aux ressources que l‘on va utiliser, choisir plutôt du local ou réutiliser des matériaux, on a déjà vu des exemples dans le domaine du transport mais il est aussi applicable dans le domaine du bâtiment ». « Pour l’instant, on n’a pas conscience de l’ampleur des travaux de rénovation qu’il va falloir faire, on rénove que certaines choses, hors les rénovations qui vont être nécessaires, ce sont les rénovations globales », définit l’experte.

Albane Gaspard affirme que « pour avancer dans le processus de sobriété énergétique il faut que les décisions soient expliquées, discutées et décidées collectivement. Elle est en décalage avec les normes sociales traditionnelles, ce sont des nouvelles habitudes à prendre ». Solène Marry le confirme: « On n’en a vu un exemple avec la Convention citoyenne sur le climat. C’est un processus incontournable. Pour que ça marche, il faut qu’il y ait un échange, qu’on explique les choses pour qu’au final les personnes s’approprient les enjeux énergétiques ».