La rénovation énergétique peut aussi faire peur. Peur de se faire avoir parce qu’on n’y connait rien, peur que les travaux ne soient pas correctement effectués. Les arnaques à répétition font du dégât et pour réussir le chantier de la rénovation, il faudra donc inspirer davantage confiance. Peut-être grâce à l’accompagnateur Rénov’, lorsque celui-ci parviendra à s’imposer.
Dans le Var, la presse locale évoque une retraitée escroquée de 50.000 euros pour des travaux de rénovation énergétique. A Saint-Dizier, des particuliers démarchés à domicile croulent sous les crédits, sans les aides promises. Dans l’Hérault, une trentaine de dossiers est portée devant la justice pour une arnaque sur les pompes à chaleur. La rénovation énergétique semble faire les choux gras de la presse locale. Et on passe sur les mises en garde qui fleurissent ici ou là pour prévenir le démarchage à domicile de telle ou telle société soi-disant experte en rénovation. Pas une journée, sans qu’une arnaque, une escroquerie ne soit rapportée ici ou là en France.
“Un bruit de fond permanent”
Du côté de l’UFC-Que Choisir, on évoque un “bruit de fond permanent” perceptible déjà depuis quelques années. Suite à une alerte lancée par l’association locale de l’Hérault, un appel a d’ailleurs été lancé en mars à travers la France pour recueillir des témoignages. Idem en Mayenne, où l’association de consommateurs recherche aussi des témoignages pour dénoncer les abus liés à la rénovation énergétique.
Le phénomène n’est pas vraiment nouveau, en 2018, le magazine consumériste évoquait déjà “un raz-de-marée de litiges“. Difficile de savoir toutefois s’il y a un regain ou non depuis quelque temps, mais le sujet, forcément, reste sur le haut de la pile, et un peu plus encore alors que cette rénovation devient synonyme de pouvoir d’achat pour les Français.
Autre organisation de consommateurs, même vigilance. David Rodrigues, juriste de l’association CLCV, a le sentiment que le phénomène s’est un peu tari notamment avec l’interdiction du démarchage téléphonique ou le travail de la DGCCRF. Tout n’est pas arnaque cependant, prend soin de rappeler le juriste. “Il faut distinguer l’entreprise qui demande une avance sur les travaux, mais qui ne les exécute jamais. Nous sommes sur une vraie arnaque. Aujourd’hui, ce sont davantage des problèmes de qualité, beaucoup de malfaçons qui nous remontent.” En ligne de mire, les fameuses opérations “Coup de pouce” financées par les certificats d’économie d’énergie (CEE), ont drainé dans leur sillage des travaux qui ne sont pas toujours réalisés dans les règles de l’art.
Jusqu’à la prison ferme
Le battage médiatique autour de la rénovation, le succès exponentiel de MaPrimeRénov’ attisent les convoitises. Le secteur “suscite un volume conséquent de plaintes”, reconnaît la DGCCRF dans une communication d’avril. Le phénomène reste cependant difficile à appréhender. Seul indicateur? Les enquêtes et campagnes de contrôles devenues récurrentes. Fin 2019, le gendarme des fraudes avait mené une enquête auprès de 469 entreprises et relevait un taux d’anomalies de 56%. Rebelote l’année suivante, avec 693 professionnels de la rénovation énergétique contrôlés et des “pratiques irrégulières” constatées chez 49% d’entre eux.
Multipliant les alertes au cours des dernières années, la DGCCRF vient justement de publier une fiche sur les pratiques commerciales trompeuses avec une série de mises en garde accompagnées de liens pratiques: éviter de laisser ses coordonnées téléphoniques, se méfier des entreprises soi-disant envoyées par un organisme public ou un fournisseur d’énergie bien connu qui forcément va inspirer la confiance…
Prévention, mais aussi répression. Les petits malins qui profitent de cette rénovation pour se remplir les poches sont dans le collimateur de la DGCCRF qui veille à l’application de la loi la loi du 24 juillet 2020 visant à encadrer le démarchage téléphonique. Les condamnations d’entreprises fleurissent également dans la presse locale. De plus en plus lourdes, semble-t-il. Suite à une campagne menée auprès de 1.500 entreprises, la répression des fraudes évoquait en mars 2021, 108 démarcheurs sanctionnés pour un montant total d’amende de 4,3 millions d’euros. Record pour une entreprise du Gard qui s’était vue infliger une amende de 365.000 euros. La justice a encore serré la vis en mars dernier en prononçant des peines de prison ferme pour deux entrepreneurs normands qui sévissaient notamment auprès des personnes âgées, toujours dans le secteur de la rénovation.
Tiers de confiance à la rescousse
Les Français sont des proies faciles. Pas toujours bien informés, ils peinent souvent à se retrouver dans le mille-feuille de la rénovation. Pour se faire une idée, MaPrimeRénov’, l’aide la plus populaire du moment, serait identifiée par 11% des Français seulement si l’on en croit un sondage sorti fin 2021. Souvent mal informés, les ménages sont aussi plus faciles à tromper. Résultats, en 2019, presque un Français sur trois disait avoir peur de se faire avoir selon Effy, et un sur huit avait le sentiment d’avoir déjà été victime d’une arnaque. Cette crainte de l’entourloupe reste à l’évidence un frein.
Comment inspirer à nouveau la confiance dans la rénovation? Indépendant et impartial, l’Accompagnateur Rénov’, apparaît comme une réponse à cette situation. Une pièce essentielle pour réussir la rénovation. Pour le moment, seul le réseau France Rénov’ est en mesure de fournir cet accompagnement, mais avec l’ouverture dès 2023, des opérateurs privés agréés par l’Anah pourront également se lancer. Indispensable pour doper la rénovation énergétique, la massifier, la rendre plus efficace, mais aussi pour enrayer ce fléau des arnaques que la rénovation traîne dans son sillage.
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