L’addition est salée. Entre les inondations, les tempêtes, les épisodes de sécheresse qui malmènent les argiles et endommagent les bâtiments, le coût annuel moyen s’envole. Il est passé “d’un peu plus d’1 milliard d’euros dans les années 1980 à plus de 3 milliards au cours des cinq dernières années”, selon France Assureurs, le nouveau nom de la fédération française de l’assurance, dans une étude publiée fin octobre.
Pour se faire une petite idée, en 2020, les assureurs français ont géré en moyenne plus de 1.360 sinistres par jour liés aux événements climatiques pour un montant d’indemnisation de près de 3,3 milliards d’euros sur l’année! Et l’inflation n’est pas près d’être enrayée. Dans les 30 prochaines années, le montant des sinistres climatiques devrait quasiment doubler. Les assureurs ont fait leurs petits calculs: “Au total, le montant des sinistres dus aux évènements naturels pourrait atteindre 143 milliards d’euros en cumulé entre 2020 et 2050, soit une augmentation de 93%, c’est-à-dire 69 milliards d’euros de plus par rapport à la période 1989-2019″.
Soyons honnêtes, le dérèglement climatique n’est pas responsable de tout. La facture augmente vertigineusement, mais c’est d’abord parce que la valeur des biens augmente avec le temps et que les sinistres coûteront donc aussi plus cher à indemniser. Mathématique. Sur ces 69 milliards d’augmentation, l’enrichissement global du pays pèse pour un peu plus de la moitié, lorsque le surcoût lié au réchauffement climatique est estimé à 24 milliards d’euros.
Avec des sécheresses à répétition, le retrait-gonflement des argiles inquiète tout particulièrement. Le phénomène représente déjà 38% des coûts d’indemnisation du dispositif de catastrophes naturelles, derrière les inondations, mais il risque bientôt de devenir le premier poste de la sinistralité. “Le montant des sinistres pourrait tripler et atteindre 43 milliards d’euros en cumulé d’ici 2050, selon France Assureurs. Cinq départements seraient particulièrement concernés : la Haute-Garonne, la Gironde, les Bouches-du-Rhône, le Tarn-et-Garonne et le Tarn.”
Les indemnisations liées aux épisodes de sécheresse explosent littéralement, mais l’inflation est générale. + 81% pour le montant des sinistres liés aux inondations, soit 50 milliards d’euros en cumulé d’ici 2050. +4 milliards d’euros pour les submersions marines, +46% pour le montant total des sinistres dus aux tempêtes pourrait augmenter de 46% en cumulé d’ici 2050, à 46 milliards d’euros.
Et si le coût des sinistres explosent dans l’avenir, les primes d’assurance risquent de suivre le même chemin et de partir aussi à la dérive. France Assureurs interpelle donc les différents candidats à l’Élysée. Sur sa plateforme dévoilée début janvier et destinée “à alimenter le débat public et sociétal“, la fédération émet cinq propositions concrètes, notamment pour encourager cette culture des risques qui fait encore défaut en France et faire face au défi du changement climatique. “Une majorité des Français est consciente de l’accroissement des risques climatiques et des aléas naturels auxquels ils sont confrontés dans leur zone d’habitation. Mais ils s’avouent démunis sur la façon d’y faire face et de réagir.”
Plusieurs de ces propositions sont destinées à renforcer l’information et la sensibilisation du public. France Assureurs suggère “d’établir une cartographie nationale complète pour chaque risque climatique, et en particulier des zones inondables, intégrant toutes les sources de données existantes, et lancer un programme de recherche ambitieux sur les sécheresses”.
Grâce à ces cartographies complétées, les assureurs veulent ainsi “accroître la sensibilisation des citoyens aux risques naturels”. Grand public, entreprises ou élus locaux, ils plaident pour “des actions de sensibilisation mieux ciblées et un partage de l’information plus efficace” avec par exemple, dans chaque commune, l’instauration d’une journée de prévention des risques naturels.
Enfin, les assureurs proposent de poursuivre la réforme du régime des catastrophes naturelles déjà entreprise avec la loi du 28 décembre 2021 relative à l’indemnisation des catastrophes naturelles et d’améliorer des outils de prévention déjà existant comme les Plans communaux et intercommunaux de sauvegarde (PCS) et les Plans de continuité d’activité (PCA) des entreprises. “Aujourd’hui, un peu moins de 12.000 communes disposent de PCS alors que près de 24.000 d’entre elles sont exposées à au moins un risque naturel majeur.”
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