Certificats d’économies d’énergie : « la pression des contrôles porte ses fruits »

L'isolation thermique des murs apparaît en tête des travaux de rénovation énergétique en 2022.

C’est loin d’être parfait encore. Ca ne le sera sans doute jamais. Mais la qualité des travaux financés par les certificats d’économies d’énergie (CEE) s’améliore. Nettement. En l’espace d’un an, Spekty, tiers de confiance chargé du contrôle des travaux, a vu le taux de non-conformités reculer de 25% à 20%. Le résultat d’une politique de contrôles plus sévère, selon son président et co-fondateur, Oussama Djeddi.

On a entendu beaucoup de choses sur les CEE. Mis en lumière avec les opérations coups de pouce, ils y ont souvent gagné une mauvaise réputation. Comme des travaux qui seraient de piètre qualité, et parfois même, qui ne seraient jamais réalisés. Oussama Djeddi, le président et cofondateur de Spekty, casse les idées reçues.

Le bureau chargé de contrôler la qualité des travaux de rénovation subventionnés à coups de CEE a réalisé 30.000 contrôles sur 12 mois entre 2022 et 2023. Des travaux fictifs ? Oui, il y en a, mais leur part reste franchement anecdotique : 60 chantiers sur 30.000 seulement, 0,2%. « Avec des données factuelles, cela permet de rétablir les faits », sourit Oussama Djeddi.

Qualité des travaux: deux fois moins de non-conformités

Dans une vaste étude non publiée à ce jour, Spekty rend compte de la qualité des travaux financés par les CEE. Cinq types de chantiers. Parmi les plus courants de la rénovation énergétique, ont été passés au crible. L’isolation des combles, l’isolation des planchers, l’isolation des murs, l’installation d’une pompe à chaleur, ou d’une chaudière biomasse. Verdict ? Depuis la précédente enquête, en 2022, la qualité s’est significativement améliorée. Chiffres à l’appui: 15% de non-conformités pour l’isolation des combles contre 23% un an plus tôt, 70% de chantiers satisfaisants en matière de pompe à chaleur (vs 59% en 2022), 74,5% de chantiers également satisfaisants pour l’isolation des murs (vs 64%)…

« Toutes non-conformités confondues, nous sommes passés de 25% à 20% en l’espace d’un an », témoigne Oussama Djeddi. Le co-fondateur de Spekty glisse une nuance toutefois, en invitant à distinguer les non-conformités liées à la qualité des travaux à proprement parler, et non à la déclaration des CEE par exemple. Car la baisse est encore plus marquée : « On a quasiment divisé par deux les problèmes de qualité liés aux travaux. »

De moins en moins indulgence

Même si les taux de non-conformités restent élevés, puisqu’ils concernent encore un chantier sur cinq, il y aurait donc des raisons d’espérer. Oussama Djeddi y voit le fruit direct d’une politique gouvernementale plus sévère pour lutter contre les dérives.

Là où l’État se contentait d’un taux de non-conformité inférieur à 30%, il exige moins de 25% des chantiers contrôlés déclarés non conformes. Et demain, ce sera 20%, puis 15%… « Ce seuil en baisse constante oblige ainsi à avoir des travaux de plus en plus qualitatifs », poursuit le patron de Spekty.

Autre tour de vis, alors que le délégataire pouvait faire contrôler autant de chantiers qu’il le voulait jusqu’à atteindre le seuil de non-conformités désiré, il est désormais limité à un tiers des lots. Si le taux de non-conformités n’est pas respecté, alors c’est tout le lot risque d’être contrôlé. Résultat, entre 2022 et 2023, le nombre de contrôles CEE a beaucoup augmenté : Spekty estime être passé de 25.000 à 30.000 contrôles, globalement un quart du marché.

Plus de vérifications sur le terrain, des seuils de non-conformité moins indulgents, mais une qualité qui s’améliore en contrepartie. Pour Oussama Djeddi, « cela montre que la politique de contrôle fonctionne et que les entreprises qui réalisent les travaux gagnent en maturité ».