Combien va coûter cette sécheresse 2022? Après un été de tous les records, on s’achemine peut-être vers un record d’indemnisations des phénomènes de retrait gonflement des argiles (RGA). Les premières estimations sont tombées, France Assureurs évoque une fourchette comprise entre 1,6 et 2,4 milliards d’euros pour la facture 2022.
Ce n’est pas le seul aléa climatique indemnisé pour 2022, mais c’est sans doute celui qui aujourd’hui inquiète le plus les assureurs. Les premières estimations de France Assureurs, l’ex-fédération française de l’assurance oscillent entre 1,6 et 2,4 milliards d’euros quand la facture flirtait avec le milliard d’euros ces dernières années. À confirmer, mais on risque de dépasser le record de 2003, la pire année en matière de sécheresse depuis la création du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles en 1982. Les phénomènes de RGA avaient alors coûté la bagatelle de 2,1 milliards d’euros.
Puisque cet été 2022, si l’on en croit les météorologues, ne devrait plus rien avoir d’exceptionnel dans l’avenir, on comprend mieux les craintes du monde l’assurance. En septembre, lors d’un webinaire, Florence Lustman, présidente de France Assureurs décrivait le risque RGA comme “le péril le plus dynamique”. Selon le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), une sécheresse du type 2003, la plus coûteuse depuis trente ans (avant 2022, peut-être), risque de survenir une année sur trois entre 2020 et 2050, puis une année sur deux entre 2050 et 2080 et enfin deux années sur trois entre 2080 et 2100.
Dans un rapport publié en 2021, France assureurs estimait que le phénomène représentait déjà 38% des coûts d’indemnisation du dispositif de catastrophes naturelles, et que son montant pourrait tripler et atteindre 43 milliards d’euros en cumulé. Le phénomène longtemps localisé à quelques territoires n’épargne plus aucune région, et menace désormais plus de 10 millions de maisons.
Besoin de reconnaissance
Après l’été 2022, les demandes de reconnaissances en état de catastrophe naturelle risquent également d’exploser. Dans un rapport sorti en février, la Cour des comptes constatait une très nette augmentation du nombre de demandes de reconnaissance en catastrophe naturelle: quatre fois plus de demandes entre 2015 et 2020 qu’au cours de la période 2010-2014, jusqu’à 6.000 au cours des dernières années!
Deux milliards, un peu plus, un peu moins, quel que soit le montant total des indemnisation au titre des RGA pour ce cru 2022, il sera toujours en dessous du coût réel. Toutes les communes ne réclameront pas forcément la reconnaissance en état de catastrophe naturelle, et toutes celles qui en feront la demande ne l’obtiendront pas forcément. Pour se faire une toute petite idée, après la sécheresse de 2018, 4.070 communes avaient été reconnues en état de catastrophe naturelle (pour 43.216 bâtiments concernés) mais 1.747 communes (15.255 bâtiments) avaient été recalées.
Beaucoup de propriétaires risquent donc de ne pas être indemnisés. Toujours dans son rapport, en février, la Cour des comptes signalait déjà combien le système de reconnaissance pour les RGA apparaissait inadapté. Si pour les autres aléas climatiques, tempêtes, grêles, inondations, les dommages sont immédiats, il n’en est rien pour les mouvements de terrains dus aux RGA. Les dégâts n’apparaissent pas forcément tout de suite, mais toutes ces sécheresses, ces déshydratations et regonflements successifs, finissent par fragiliser le bâtiment et engendrer des dégâts progressifs.
Un espoir demeure pour propriétaires et les communes qui verraient leur demande de reconnaissance en catastrophe naturelle échouer. Après la sécheresse exceptionnelle de 2003, un dispositif exceptionnel doté de plus de 200 millions d’euros avait été mis en place justement pour indemniser quelque 4.000 communes non reconnues en état de catastrophe naturelle. Rebelote après la sécheresse de 2018, la loi de finances de 2020 prévoyait 10 millions d’euros. Cette fois, il faudra sans doute prévoir davantage.
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